L'histoire :
La retraite de Russie s’éternise. Napoléon, vainqueur mais isolé, est tombé dans le piège. Avancé trop loin en Russie, il a été obligé de faire demi-tour et se retrouve à la merci des cosaques. Le repli est un long chemin de croix, par des températures extrêmes, sous la neige. Sur la route de Smolensk, à Krasnoïe, la Grande Armée ne ressemble déjà plus qu’à une bande de loqueteux. Peu à peu, ils abandonnent canons, armes, trésors… Messieurs Fain et Roque voyagent avec la famille Sautet dans une diligence, dont une roue casse. Les aides de l’empereur partent à pied, mais la famille refuse de suivre dans le froid, en attendant qu’une autre voiture passe. Ils y resteront. A Krasnoïe, par -20°C en novembre, Napoléon fait le point. Davout est attaqué par les Russes et en grande difficulté. L’arrière-garde de Ney est encore à Smolensk. Napoléon décide qu’il a assez fait l’empereur, le revoilà général. Il va diriger lui-même la retraite. D’Herbigny, lorsqu’il se réveille dans une petite cabane où il a trouvé refuge avec ses hommes, est informé par Paulin que son cheval a disparu. Le voilà piéton. Les difficultés vont s’accumuler sur leurs épaules...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après La Bataille, Frédéric Richaud et Ivan Gil mettent donc un point final à la deuxième trilogie impériale de Patrick Rambaud, Il neigeait. L’histoire terrible de la retraite de Russie avait été magnifiée par Victor Hugo dans la première partie de L’Expiation, et Patrick Rambaud avait utilisé, pour son titre, l’anaphore hugolienne, synonyme d’une fatalité terrible pour la Grande Armée, Il neigeait. Mieux, le scénariste utilise des passages entiers de L’Expiation et d’un autre poème d’Hugo, Bêtise de la guerre, comme récitatifs. Le ton épique du poète colle parfaitement à la situation dramatique, mais aussi à l’empathie du dessin d’Ivan Gil. Celui-ci fait ressentir au lecteur la souffrance et la misère de chaque personnage, fût-il un figurant à l’arrière-plan. Ses petites cases comme ses panoramiques sont précis et riches, mais aussi étonnamment confortables à lire. Frédéric Richaud a fait du bon travail avec le texte de Patrick Rambaud. Sans le dénaturer, il laisse de la place à la narration graphique dans un savant dosage. Les petites histoires croisent en permanence la grande Histoire, celle que fait Napoléon. Mais que serait un grand général sans ses troupes ? Rambaud avait voulu livrer au lecteur l’envers du décor ; Gil et Richaud le font de belle manière. Berezina est une merveille d’équilibre, passionnant et agréable à lire, graphiquement magnifique.