L'histoire :
Les copains Pouf et P’tit Louis proposent à Boule et à son cocker Bill de faire des régates sur le bassin du square. Aussitôt, le garçon réveille son papa en pleine sieste pour qu’il lui fabrique un bateau – parce que son papa sait tout faire ! Grognon mais de bonne volonté, le papa s’exécute : il se coupe un doigt à la scie, se donne un coup de marteau sur un deuxième, se plante une aiguille en cousant la voile dans un troisième… mais Boule peut finalement repartir guilleret avec un bateau. Toutefois, en arrivant au bassin du square, les copains se heurtent à un autre enfant, bizarre et agressif. En tenue de marin, celui-ci possède un bateau de guerre de toute beauté et il essaie de les faire dégager. Un coup de crocs de Bill dans ses bretelles aura raison de lui. Boule et ses copains ignorent alors que ce petit personnage n’est pas un enfant, mais qu’il s’agit du professeur Tiboutchik, un savant hargneux qui fait des expériences avec des engins de guerre miniatures. Dès qu’il a rejoint son laboratoire secret de l’autre côté de la rue, Tiboutchik enfile son costume de capitaine, sort le périscope pour vérifier que ses rivaux sont toujours sur les bords du bassin et utilise son réseau de tuyaux souterrains pour y envoyer un sous-marin d’attaque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette bande dessinée au format poche est la énième réédition en fac-similé de la toute première histoire de Boule et Bill imaginée par Jean Roba et parue dans le journal Spirou daté du 24 décembre 1959. Elle a été éditée ainsi, en tout petit format, car elle s’inscrivait dans un concept de mini-récits (à plier et monter soi-même) imaginés par Yvan Delporte, alors rédacteur en chef du magazine. A l’époque, Maurice Rosy avait dû avoir recours à un stratagème pour convaincre Charles Dupuis de conserver Jean Roba au sein de sa structure d’édition, en présentant ce mini-récit non signé. Roba venant en effet de la pub, il n’était donc pas « un vrai artiste » et les refus successifs le stimulaient pour sonner à la porte de la concurrence (le Journal de Tintin). Grand bien en a pris à Delporte : ce coup d’essai a séduit Dupuis et dans les mois qui suivirent, Boule et Bill revenaient au sein du journal. Puis ils devenaient au fil des ans une série culte du 9ème art, jusqu’à déboucher sur un film (très moyen) en 2013. Néanmoins, force est de reconnaître que si la dynamique graphique et narrative de Roba est déjà efficiente sur cette première aventure, le fond du scénario est pour le moins fantaisiste et bancale. Cette histoire gentiment surannée de savant super-méchant au look de gamin, qui fait des régates sur le même bassin que les enfants héros, en passant par un réseau de tunnels souterrains, est complètement abracadabrantesque… et n’aura de chance de persuader que les plus jeunes des lecteurs. Ça tombe bien, c’est justement pour eux que l’aventure a été créée.