L'histoire :
Sur un monde plus « vaste » mais globalement similaire au notre, la Demarkacia est une sorte de ligne Maginot de plus de 10 000 kilomètres, qui court le long d’une barrière montagneuse de très haute altitude faisant la frontière entre deux peuples antagonistes. D’un côté, le Veliikistok, de l’autre, les Ieretiks. Entre les deux, 90 bunkers et 900 miradors, dans lesquels se relaient en permanence des militaires spécialement entraînés et traités pour résister aux conditions extrêmes. Aujourd’hui, c’est la rotation des effectifs dans le bunker 37, perché à 7013 mètres d’altitude. Déposée en hélico à proximité de la base, la nouvelle garnison est logiquement à cran. En effet, une expédition a quasiment intégralement disparue 6 mois auparavant, sur les hauteurs du bunker 37. Or personne ne croit à la version officielle qui veut que cet accident soit du aux conditions climatiques. Parmi eux, Aleksi Stassik croit en sa vocation, qui l’a vu quitter sa famille de fermiers pour devenir soldat. Scrutant l’horizon, fidèle au poste, il ignore qu’une nouvelle expédition traverse des paysages dantesques habités par d’effroyables ennemis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne change pas une recette qui marche : après le succès de la trilogie Sanctuaire, Christophe Bec propose une nouvelle série, prévue cette fois en 5 tomes, piochant dans les mêmes ingrédients prometteurs. A savoir : des militaires plongés dans des situations extrêmes, un huis-clos oppressant, un ennemi inconnu et monstrueux dans les pattes. Paradoxalement, l’atmosphère anxiogène de Bunker se met en place à plus de 7000 mètres d’altitude, dans de larges espaces. Dans cette mise en bouche, on suit plusieurs trames distinctes. D’un côté, la présentation du héros et son engagement militaire traînent dans des longueurs solennelles. De l’autre, Bec et son coscénariste Stéphane Betbeder (Alister Kayne) nous servent des séquences très violentes d’une expédition qui tourne au cauchemar… On découvre ainsi, peu à peu, le cadre fantastique de cet univers incroyable, à mesure que les auteurs nous le livrent : avec parcimonie et de nombreuses zones d’ombre. Préparez-vous au pire : à monde imaginaire dantesque, ennemi titanesque ! Graphiquement, ces planches (colorisées par la pro Marie-Paule Alluard, collection Empreinte(s) de prestige oblige !) sont tout simplement superbes. Certes, on a toujours un peu de mal à distinguer les différents protagonistes entre eux, mais Bec s’éclate dans ces perspectives vertigineuses, s’adonnant au même gigantisme qui caractérisait Sanctuaire. Epoustouflantes de réalisme, ses cases laissent parfois sourdre l’angoisse d’être aspiré par le vide alentour. Un grand bol d’air angoissant…