L'histoire :
Le grand-père de Madeleine Riffaud est mort. C'est un véritable déchirement pour la jeune fille car cet homme était peut-être l'homme qu'elle a le plus aimé dans sa vie. Elle n'a pas pu lui dire au adieu. Alors que Pétain répète son allégeance à l'occupant, elle crache ses poumons à cause de cette satanée tuberculose qui l'a atteinte. D'ailleurs, pour remédier à ce mal qui la ronge, ses parents l'envoient dans le sanatorium des Étudiants de Saint-Hilaire-du-Touvet, non loin de Grenoble. Elle prend le train pour Châlon-sur Saône et est accueillie à l'arrivée de son train par le fils de l'ancienne logeuse de ses parents. Mais rien ne se passe comme prévu. Après avoir dîné avec elle, il la viole brutalement dans une chambre d'hôtel. Le lendemain, il fait comme si de rien n'était. Pour couronner le tout, il lui apprend qu'il appartient à la Milice. Elle parvient à gagner le sanatorium où on lui explique le protocole de soins qu'elle va suivre. Elle devra rester dans son lit près de 20 heures par jour ! En arrivant, elle fait la connaissance de sa voisine de chambre, Mireille...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce deuxième Cahier est fort instructif sur l'incroyable destin de Madeleine Riffaud, ami de Paul Éluard et de Picasso, grand reporter après la guerre. On apprend les raisons qui l'on poussée à prendre comme nom de résistante « Rainer Maria Rilke », la portée qu'a eu son grand-père sur son engagement sans faille dans la Résistance, sa rencontre déterminante avec Marcel Gagliardi. Jean David-Morvan retranscrit à merveille l'émotion des propos de Madeleine Riffaud, avec sensibilité et justesse (on a l'impression d'écouter son récit à travers un podcast !), grâce notamment à un texte off à la première personne. Tant et si bien qu'on s'identifie pleinement à l'histoire de cette femme hors du commun. Dominique Bertail accompagne ce devoir de Mémoire avec l'élégance de son trait, sublimé par son lavis bleu et son encrage au feutre noir. Que dire de cette planche de toute beauté où Madeleine se rend au sanatorium, comme suspendue dans le paysage immaculé de neige. En fin de cahier, un article nous éclaire sur le sanatorium de de Saint-Hilaire-du-Touvet qui a été détruit à l'été 2019, après avoir soigné des milliers de personnes, avoir accueilli de faux malades pour les protéger des rafles et été laissé à l'abandon, après le recul de la tuberculose en France.