L'histoire :
En 1916, en Russie. Etudiant moscovite en médecine, Alexandre appartient à un petit groupe prônant la fin de la guerre et distribue régulièrement de la propagande. Lors d’une manifestation, il va même jusqu’à désarmer un soldat du tsar se ruant sur une petite fille. Le lendemain, son professeur décide de l’envoyer dans le nord de l’Oural afin de faire retomber la tension. Le parcours est long, surtout en plein hiver, et la difficulté de son trajet est amplifiée par l’assaut des loups. Il arrive enfin, en plein milieu de la nuit, à l’hôpital dont il a désormais la charge, en remplacement du Docteur Ivanov. Il a à ses ordres une vieille gouvernante nommée Csenia, et Irina et Sviatoslav, deux infirmiers. Arrive le printemps et enfin les premiers patients. Aucun ne croît véritablement dans les capacités du médecin. Pourtant, les avis changent dès lors qu’Alexandre réussit à sauver la petite Marina dans un climat hostile à son encontre. Puis l’hiver revient, avec son lot de rafales de vent. Le cadavre d’une jeune femme est alors amené au docteur, qui se met à suspecter les villageois de lui cacher des choses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce que le vent apporte est le premier titre de Jaime Martin à sortir en nos contrées. Avec ce one-shot, l’auteur espagnol nous laisse entrevoir de bien séduisantes facettes de son talent. Certes, tout n’est pas parfait, notamment dans la conclusion de l’histoire qui peut en gêner quelques uns. L’histoire prend son temps à se mettre en place, installant le climat politique prérévolutionnaire, puis le décorum de ce village de l’Oural. Le comportement des habitants est également typique de l’époque, la méfiance populaire allant même jusqu’à nommer les médecins « les tue la santé ». Cette ambiance de huis clos est également bien rendue. Les dessins viennent compléter ce tableau, baignant souvent dans les teintes bleutées pour renforcer la tristesse et le calme inhérents à l’hiver. Le trait de l’auteur rappelle un peu celui de Ruben Pellejero (Le tour de valse, Secrets-L’écorché) ou de Frederik Peeters (RG, Koma). Aux séquences dynamiques alternent des scènes plus contemplatives, avec une maîtrise évidente. Malgré une fin un peu décevante – car un brin trop classique – et un dessin étonnant, Ce que le vent apporte est une aventure complète qui nous emmène, le temps d’un album, dans une histoire d’un autre temps…
