L'histoire :
Entre 1980 et 1993, Germain et nous, c’est 14 albums ! Autour de Germain, le héros, musicien à ses heures perdues du groupe les Bowling Balls, on retrouve une flopée de personnages : Calorine, obsédée par son poids, François-Patrice, le dragueur, Gary-Tom, le fils de bonne famille, Luc-Luc qui travaille dans un vidéo-club, André-Marie, l’élève-modèle qui joue de la flûte, Pilou son meilleur pote avec lequel il fiat de la musique… et bien d’autres encore, comme Glouis ou Joachim chaud de la geek. Du côté des adultes, on retrouve Paul, le père de Pilou, fan invétéré de ballon rond à tendance beauf et excité comme une puce quand il y a un match de foot... tout le contraire de son fils. Il y a aussi Laetitia et Jean-Alain, les parents à la cool de Sophie (enfin à la cool, ça reste à voir, Jean-Alain est perturbé, ce qui l’incite à aller consulter Grégor, le psychiatre vénal sur les bords). Toutes les relations de ce petit monde sont retranscrites dans des gags en une planche, voire deux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la petite histoire, Germain et nous est apparu dans le Trombone illustré, un supplément encarté dans le Journal de Spirou. A l'époque, ce supplément est créé par Franquin et Yvan Delporte, lassés du ton morne du Journal de Spirou. On y parle de Brétécher, de Gotlib, on y trouve les Idées Noires de Franquin, Hausman… et Germain et nous. Le papa de Germain, c’est Frédéric Jannin, un observateur amusé du petit monde qui l’entoure. Ses observations, il aime les partager avec son ami de toujours, Thierry Culliford, le fils de Peyo. On distingue d’ailleurs trois phases narratives dans l’existence de la série : une phase avec Culliford au scénario, une autre avec Jannin en solo et une dernière où Jannin est rejoint par Honorez. L’intention de la Germain et nous est de se moquer du conflit de génération, qui voit les parents essayer de se la jouer jeune et les jeunes de jouer les adultes. Même si certains gags ont pris un coup de vieux et parleront surtout aux anciennes générations, l’ensemble prête le plus souvent à sourire. Germain et nous a aussi marqué son époque avec son style graphique. Jannin était adepte du Rapidograph, un stylo à l’encre de Chine destiné à la base au dessin technique, alors que tout le monde utilisait la plume et le pinceau. Il passera ensuite au dessin au marqueur. Son trait est désinvolte, tout comme le lettrage. C’est rock’n roll. D’ailleurs entre les premiers et derniers albums, Jannin livre des cases plus zoomées et plus lisibles qu’à ses débuts. Comme Germain, Jannin est devenu adulte sous ses faux airs d’ado attardé. Une fois ce gros pavé de BD terminé, une question d’ordre technique demeure : Pourquoi diantre, avoir choisi de réunir tout cela dans une intégrale petit format ? Avec un tel gabarit, cette intégrale n’est pas ce qu'il y a de plus propice à la lecture. Les fans de Germain et nous se jetteront tout de même sans hésiter sur ce bel objet édité à 2 500 exemplaires et muni d’un ex-libris signé !
