L'histoire :
Au cœur du centre culturel « Le Botanique », Benoît Renson met la touche finale à son exposition de photos de guerre, loin d’imaginer que la soirée lui réserve une rencontre bouleversante. La gérante du lieu lui apprend que Mady, une amie d’enfance et son premier amour, viendra le voir après des années de séparation. Entre les félicitations des visiteurs et l’effervescence de l’événement, Benoît n’a qu’une obsession : retrouver Mady. Après l’avoir cherchée dans la foule, il finit par la retrouver, le temps d’un échange furtif, avant d’être happé par ses obligations. Mais ils se donnent rendez-vous le lendemain sur la place de Bruxelles, face à la statue de Godefroy de Bouillon, symbole de leur passé commun. Autour d’un café, les souvenirs remontent : leur enfance à Bouillon, leurs cours d’histoire, leurs liens d’autrefois. Pourtant, Mady révèle une vérité inattendue : c’est grâce aux 403 jours que Benoît a passés en captivité chez des militants palestiniens qu’elle a pu le retrouver. Un sujet douloureux qu’il refuse d’évoquer, mais Mady insiste. Et si ce drame leur avait offert une seconde chance ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jadis, Godefroy de Bouillon, figure mythique outre-Quiévrain, avait déjà eu les honneurs d’une adaptation en BD sous la plume de Sirius, père des Timour. Jean-Claude Servais reprend aujourd’hui ce personnage dans une intégrale qui réunit les deux albums parus en 2012 et 2013, et où il déploie une narration fluide et captivante, entremêlant les époques avec une grande maîtrise. Son approche évite le piège du récit purement historique stricto sensu, en l’inscrivant dans une trame contemporaine où mémoire et transmission occupent une place centrale. En alternant entre les souvenirs d’enfance de Benoît et Mady, leurs retrouvailles à Bruxelles et le destin tumultueux du Duc de Bouillon, Servais construit un récit qui se nourrit du temps et des échos entre passé et présent. Mais cette atmosphère si particulière doit aussi beaucoup aux couleurs de Guy Raives, qui apportent une densité visuelle remarquable. Sa palette automnale, riche et nuancée, enveloppe l’histoire d’une aura presque mystique. Chaque planche semble baignée d’une lumière tamisée, où les ocres, les bruns et les rouges profonds accentuent la mélancolie du récit tout en lui conférant une chaleur organique. Ce travail colorimétrique donne à l’ensemble une intensité saisissante, magnifiant autant les paysages de Bouillon que l’effervescence urbaine de Bruxelles ou les terres lointaines de l’Orient.