L'histoire :
1944. Aux alentours de Berlin, en pleine campagne. Une jeune femme est au bord de la route, elle fait de l’auto-stop. Ludwig Mueller arrête sa Coccinelle. La jeune femme ne donne pas sa destination. Ce qui l'intéresse, c’est la direction. Elle lui dira quand il faudra s’arrêter. Elle monte sur le siège passager. Elle s’appelle Lilas. Ludwig lui dit qu’il parle le japonais : il est traducteur-interprète pour le compte du IIIème Reich. Il a accompagné la délégation des jeunesses hitlériennes en 1938, à Tokyo. Lilas somme Ludwig d’arrêter la voiture. Elle prend ses jambes à son coup, laissant derrière elle son pendentif… frappé d’une étoile jaune. Ludwig dépose sa femme et son fils devant un bâtiment frappé de la Croix Gammée. Il poursuit sa route vers le Alte Kommandantur, Unter Den Linden où on l’informe qu’il doit partir au Japon. Sa mission : réaliser la traduction de documents hautement confidentiels.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On n’est jamais aussi bien servi que par soit même. Cet adage, Thilde Barconi l’illustre merveilleusement. Elle adapte ici sa propre nouvelle Hiroshima, fin de transmission en BD. Ses mots introspectifs empreints de douceur ont la délicatesse d'un haïku, portant cette histoire d’amour passionnelle et fusionnelle, dans la lignée d'Hiroshima mon amour d'Alain Resnais. Ils nous rappellent aussi que le 6 et 9 août 1945, deux bombes atomiques ont été larguées sur Hiroshima et Nagasaki, tuant plus de 100 000 personnes et laissant des dégâts éternels. Les Hibakusha sont les survivants de ces attaques. Barboni a voulu ici créer un survivant d’un autre genre. Un survivant éternel gravé dans la pierre, qui traverse le temps, tel une ombre, laissant derrière lui des traces de vie. Pour illustrer les belles phrases de Barboni, Olivier Cinna pose ses crayons et ses pinceaux avec élégance sur papier. Certains dessins ne sont pas toujours d’une précision diabolique, mais l’harmonie texte-dessin, accompagnée de couleurs simples et efficaces, emporte jusqu’à la noirceur pour revenir à l’essentiel. Quand la vie reprend ses droits…