L'histoire :
Blotti dans une cavité de glaise dans les champs d’oliviers, un jeune garçon attend son heure. Il entend les voix des hommes qui le cherchent. Il attend son heure pour partir. Il se demande si, au village, sa fugue est dans toutes les conversations. Probablement pour des semaines, des années. Il pense à son père, feignant la désolation, essayant de faire croire que le malheur a encore frappé sa famille. Le petit veut quitter ce père violent, jamais avare de coups de trique. Le silence. C’est le bon moment pour mettre les voiles. Il marche vers le nord avec, face à lui, une terre immense. Un voyage dans l’inconnu. La nuit est tombée. Il a faim. Il aperçoit la lumière d’un feu avec un vieux berger assoupi, accompagné de son chien, de son âne et de ses chèvres. Le vieux berger se réveille et propose au petit de manger : un morceau de pain, du lait, de la viande séchée, un peu de fromage. Le matin, le petit se réveille, le visage frappé par le soleil de plomb. Il a des hallucinations. Une insolation que le vieil homme s’empresse de soigner avec des bandelettes gorgées d’eau.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant la BD Intempérie, il y a un livre éponyme, écrit par Jesùs Carrasco. Ce roman sorti en 2015 a rencontré un joli succès critique et public. Son dernier livre La terre que nous foulons a d'ailleurs depuis reçu le prix de l’Union Européenne. Mais revenons à nos phylactères… Tout commence par la rencontre entre Javi Rey, qui sort d’un Maillot pour l’Algérie et Jesùs Carrasco. Le courant passe tout de suite entre les deux hommes, tant et si bien que s'impose presque la question de l’adaptation d’Intempérie. Javi Rey trouve ici un terrain d’expression graphique parfait pour promener ses crayons et ses couleurs chaleureuses. Il nous embarque dans une aventure où les personnages n’ont pas de nom, comme dans un film de Sergio Leone, comme pour mieux s’identifier aux protagonistes. Il y a le vieil homme, le Petit et l’Alguazil, qui est à sa recherche. Il y a une terre asséchée où l’eau est une denrée rare et précieuse. Il y a cette violence sous-jacente où les corps s’écharpent dans les blessures et le sang. Avec ses mots tranchants et son trait vif, Javi Rey signe un album personnel sous un soleil implacable, grâce à la participation active de l’auteur du roman, qui lui a fourni un flot de documentation. Le récit emporte, avec ses cadrages serrés, laissant une place immense à l’interprétation. L’épilogue lui donne alors toute sa dimension dans une tension palpable au compte-goutte.