L'histoire :
A la fin des années 70, Jaime Martin part pour une journée pique-nique et jeux en forêt, avec ses cousins, ses oncles, tantes et grands-parents. C’est alors qu’il joue « innocemment » à la guerre, que les larmes de sa grand-mère lui font prendre conscience du passé tragique. Le jeu s’arrête immédiatement. Quelques années plus tard, l’artiste de BD qu’il est devenu se penche sur l’Histoire de ses grands-parents, durant la guerre civile espagnole. En 1936, Isabel est couturière à Melilla, une ville espagnole enclavée au nord de l’Afrique. Une coalition de gauche a remporté les élections et le nouveau gouvernement s’emploie à réformer beaucoup d’aspects de la société espagnole… ce qui génère des remous sociaux et pas mal d’ennemis. Les bourgeois chez lesquels officie Isabel s’inquiètent pour leur pays, mais aussi pour elle : il faudrait qu’elle songe à se marier rapidement ! Mais elle, refuse toute rencontre arrangée, comme avec ce poissonnier Antonio qui lui fait la cour depuis des années… Un jour, sa copine Rosa l’emmène au syndicat CNT, où elle rencontre de jeunes activistes. Des effrontés, assurément, étant donné qu’ils prônent le naturisme et l’harmonie avec la nature. Le bel Emilio l’embauche en tant que costumière pour leur pièce de théâtre. Jouer la comédie serait plus difficile pour elle, étant donné qu’elle ne sait pas lire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’espagnol Jaime Martin dédie pour le moment son œuvre de bédéiste à l’Histoire de son pays et de sa famille. Au travers de cet épais one-shot (plus de 100 planches !) de la collection Aire-Libre, il relate l’histoire de ses grands-parents, de sa grand-mère Isabel plus particulièrement, entre 1936 et le début des années 60, soit durant le régime politique de Franco. Nous ne croiserons cependant jamais le regard de ce général putschiste et dictateur, le prisme social et politique étant celui de la famille et de ses affres, dans un milieu populaire de gauche. Etant donné que cette histoire n’est jamais vraiment apprise depuis les bancs scolaires français, le lecteur franco-belge en apprendra donc beaucoup sur le putsch, la guerre civile, la répression permanente, le comportement des puissances alliés ou « neutres »… On frémit lors des transactions du marché noir, on s’horrifie devant les assassinats politiques, on s’amuse parfois des discussions dans la sphère familiales très soudée… Et au final, suivant une narration sans esbroufe, on passe un excellent moment didactique. Le dessin aux traits épais est juste et régulier, complété par une colorisation tout en retenue, le tout s’inscrivant dans un découpage serré sur lequel se greffe de nombreux dialogues et commentaires. Un morceau d’Histoire nécessaire, doublé d’un bel hommage…