L'histoire :
Au milieu de la cohue des achats de Noël, un pickpocket se faufile au milieu de la foule, profitant des contacts pour piquer dans les poches des pardessus les portefeuilles des passants. Une fois à l'écart, le jeune homme analyse tranquillement son butin, lorsque l'une des victimes le surprend et l'agresse pour récupérer son bien. Empoignant le voleur par le col, le client, plus âgé, reconnait dans le pickpocket le jeune Andreï, fils de son meilleur ami défunt. L'homme se dit atterré de découvrir ainsi que son filleul se trouve réduit à rien, sans papier dans un pays où il est condamné à voler pour survivre. Il affirme alors représenter pour le jeune homme la planche de salut qui lui manquait. Ignorant la nature réelle de cet « oncle Mathias », mafioso notoire dans les pays de l'est dont il est originaire, Andreï décide de s'enfuir. Mais où qu'il aille, il va retrouver Mathias sur son chemin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adaptation d'un roman de Gani Jakupi, artiste-illustrateur touche à tout originaire du Kosovo, cet album parie sur le mystère de deux destins qui se croisent. Procédé narratif habituel : ce n'est pas le fond de l'histoire qui compte, mais ce qu'on va en révéler au lecteur. Ainsi tout l'album entretient le questionnement sur la véritable identité du personnage principal et sur celle de son mystérieux et menaçant ange gardien. Parsemé de rencontres intéressantes (un jeune révolutionnaire qui lui paye une bière, ou une prostituée qui veut profiter de ses belles années pour accumuler de l'argent), cet album ne parvient pourtant pas à exploiter à fond ces situations. Ainsi, au lieu de nous attacher à ces personnages, on survole quelque peu un récit trop rapide, à la recherche d'une cohérence ou d'une révélation. Le graphisme de N'Guessan, rapide et nerveux à la manière des illustrateurs de polars argentins (Carlos Trillo and co), est loin des pages léchées d'Aberzen ou de Petit d'Homme. La colorisation est tout à fait dans les canons Dupuis (des aplats de couleurs dans le style Berthet) et contribue à une impression d'efficacité, orientée vers le récit plutôt que la contemplation. Mais rien ne fait décoller cet album, plombé par la lourdeur des rares cases d'explication rendues nécessaires par de trop nombreuses ellipses. Jakupi et N'Guessan devraient renouveler leur partenariat en 2010 sur un second album, si on en croit le site internet du scénariste. Il reste à espérer qu'un meilleur équilibre sera trouvé pour emballer le lecteur.