L'histoire :
La juge qui a prononcé un non-lieu dans l'affaire de trafic de trésors archéologiques par un shérif corrompu était-elle même une cliente des receleurs. Le comité des douze sage de Karma City y voit une menace pour l'utopie fondatrice de la ville, et ordonne au directeur Gus Bilderberg de démanteler ce réseau. Mais ce dernier est en réalité au cœur du projet Citadelle de prise du pouvoir, et va faire le nécessaire pour éradiquer toute possibilité d'entendre des témoins dans l'affaire du trafic. Kate la jeune major et Napoli s'enfoncent dans les sous-sols secrets de la ville, tandis qu'Asuka établit le contact avec Zuber, une intelligence artificielle qui s'est mystérieusement mise en mode repos. A l'origine de la création de Karma City, après la grande vague qui a détruit les anciennes civilisations, la création d'une intelligence artificielle supérieure était vue par les utopistes d'un monde libertaire comme un moyen de protéger l'homme contre ses purs instincts darwinistes. Mais le mutisme de Zuber est désormais inquiétant, en particulier dans cette période de menace sur les principes fondamentaux de Karma City. La confrontation entre Gus et Napoli va bientôt avoir lieu, les deux hommes se connaissent depuis de nombreuses années. Napoli s'était rendu célèbre en démantelant un réseau de fausses montres karma, Gus l'avait convaincu de rester un agent enquêteur après un dramatique accident. Mais ce que les deux membres du bureau des enquêtes se doivent mutuellement ne résistera pas à ce qui, désormais, les oppose violemment.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce deuxième tome de Karma City est un peu plus fumeux que le précédent. Une fois le fond de l'enquête sur les épidémies d'AVC dus aux fausses montres karma évacué, on plonge dans des enjeux beaucoup plus politico-mystiques. Gabrion met l'IA qui porte le nom de Zuber au cœur de son intrigue, et s'amuse avec des concepts mathématiques tordus pour illustrer la pensée de l'ordinateur au comportement étrange. Les échanges conceptuels et parfois oniriques prennent beaucoup de place dans la partie centrale de l'album. L'aventure se poursuit néanmoins de manière concrète, et les personnages évoluent dans une suite de décors très spectaculaires qui montre le grand talent de metteur en scène du dessinateur. Cette capacité à construire un monde graphiquement très crédible, tout comme ces personnages aux gueules parfaitement réussies, sont une force évidente dans cette aventure en deux tomes épais de plus de 300 pages au total. L'idée de départ d'une utopie de civilisation basée sur le karma des comportements humains était forte, et l'auteur a réussi à la maintenir pendant tout le récit. Il s'est littéralement immergé dans son concept, fournissant en postface des éléments dont on aurait presque aimé qu'ils fassent partie de l'aventure. C'est en tout cas un projet ambitieux et grand-public à la fois, qui montre la force des idées et le talent graphique de Pierre-Yves Gabrion.