L'histoire :
Au bord d’un lac, un petit groupe composé d’un vampire, d’une momie, de squelettes et autres fantômes, tente de fuir. Peine perdue. Malgré la nuit, les anges armés d’épées les ont encerclés. Et il ne faut pas compter sur les passeurs « barqueux » pour les secourir : la guerre entre impurs et anges pour la domination d’Outrelieu ne les regarde pas. Laissant cercueils et sarcophages, les prisonniers sont conduits à la cité ennemie. Le calme revenu, un petit diablotin sort de sa boîte. Il a miraculeusement échappé à l’arrestation de ses amis et rencontre Noé, un barqueux plus courageux et plus avisé que ses congénères, qui se propose de le conduire au-delà de la brume du sommeil, dans l’autre monde, un endroit bizarre où il sera en sécurité. Effectivement, à peine débarqué sur les quais, Karma n’entend rien à cette ville pleine d’humains aux mœurs incompréhensibles. Qu’il brûle une voiture afin de libérer son propriétaire ou crache du feu mieux qu’un artiste ambulant, il semble ne rien faire convenablement et rebuter tout le monde. Heureusement, passant devant une affiche, il se souvient du cirque Zombini où il pourrait trouver refuge…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au pays d’Outrelieu, il ne fait pas bon être un démon. Encore moins si l’on est petit, rouge et cornu. Un constat somme toute sans surprise… sauf, qu’ici la situation est inversée ! Entendez, à rebours de la conception religieuse communément admise qu’un ange incarne la bonté, la sainteté, au contraire des fourchus, spectres et autres morts-vivants, incarnations du Mal, venus hanter nos vies et nous perdre, pauvres morteêêls (brrr). Cependant, à bien y regarder, une telle intrigue n’a rien pour divertir. Lorsque l’on souhaite faire rire, on ne tourne pas Evil dead (daté mais frissons garantis !) mais son troisième volet, gore à souhait et parodique. S’agissant de s’amuser des conventions ou d’intervertir les anges et les démons, le maître s’appelle Tim Burton au cinéma (l’Etrange Noël de Monsieur Jack, les Noces funèbres…). En bande dessinée, Olivier Boiscommun (Anges) s’y est également déjà attelé, et cela de manière très réussie, à l’attention d’un public averti. Jean-Louis Janssens et Fabrizio Borrini apportent une fraîcheur renouvelée, presque enfantine. Saluant au passage des influences reconnues (entre autres Sfar pour Grand vampire), les auteurs inventent un univers original, bicéphale, où le royaume de « l’autre monde » n’est pas l’hémisphère que l’on croit. Si ce premier tome cherche peut-être encore un ton « saignant », il a déjà trouvé son tempo et en croire le grand Zombini, c’est ici-bas que la partie se jouera. N’en doutons point, un héros moral (tous publics), attachant et récurent est né : il a tout pour plaire, pour peu qu’il trouve sa place…