L'histoire :
Dans un break bondé des affaires de leur déménagement, Sam, Violette et leur père roulent sur l’autoroute en direction de leur nouvelle maison. Violette demande alors qu’on s’arrête afin de pouvoir faire une cérémonie funèbre digne au petit papillon qui s’est coincé dans l’essuie-glace. Quelques minutes après avoir repris la route, elle redemande la même chose pour le corbeau qui s’est crashé sur le pare-brise…Patient, leur père joue le jeu, mais ils prennent un peu de retard. Quand ils quittent enfin l’autoroute pour s’enfoncer sur une petite route de forêt, il fait déjà nuit. C’est alors qu’il leur semble percuter un mystérieux individu pourvu d’une tête de singe ! Mais quand ils sortent de la voiture, il n’y a personne. Sam repère juste un mystérieux tag sur le verso d’un panneau publicitaire : « Kid Noize ». En réalité, Kid Noize est un DJ effectivement pourvu d’une tête de singe et il appartient à une autre dimension. Il vient tout juste d’apparaître à bord d’une Mustang de 1977, en passant par une porte bi-dimensionnelle en forme de triangle. Il est venu livrer un mystérieux paquet… mais il l’a perdu dans la nature au moment de la collision. Or paumer un paquet lors d’une mission, c’est la honte ultime, au sein de l’organisation qui l’embauche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En sus de ses compositions électro, la popularité du DJ belge Kid Noize s’est partiellement forgée en raison de sa tête de singe – un maquillage proche de celui des films La planète des singes des années 70, qui lui demande plus d’une heure à poser à chaque fois qu’il doit apparaitre en public. Ancien graphiste, le DJ étend aujourd’hui son parcours artistique pluridisciplinaire à la bande dessinée, avec l’aide d’un autre Kid pour le scénario, Kid Toussaint. Le point de départ narratif est visiblement celui du clip de son hit de l’année 2016, Océan. Dans une ambiance brumeuse proche du ET de Spielberg, on y voit un enfant en vélo cross, dans une forêt, la nuit, qui rencontre… le DJ à tête de singe, soudain débarqué d’une autre dimension à bord d’une Ford Mustang. Ouch, ça c’est du concept de base bien malcommode à décliner. Si on comprend le désir d’évoquer tout un tas de références de la pop-culture des années 80, cela ne fait pas un scénar pour autant. Kid Toussaint parvient cependant à accorder un univers et une vague ligne directrice au mystère de cette apparition : il existe une autre dimension où règne une confusion zoomorphique, des contrats de mystérieux paquets à livrer… Tout cela nous est dévoilé un peu sauvagement dans ce premier tome, sans qu’on en comprenne encore très bien la direction et les périls. Les ados patients apprécieront cependant un premier opus plein de mystère, fort bien rythmé et dialogué (Kid Toussaint est fortiche), avec un peu d’humour. De plus, le dessin d’Otocto, de style semi-réaliste, se montre plutôt déjà pas mal au point, pour une première œuvre – exception faite des visages tous proportionnellement plus gros que les corps, ce qui ressemble plus à un parti-pris qu’à de réelles erreurs.