L'histoire :
Grace à une volonté de fer et à un caractère de chiotte, Anton Witkowski est devenu champion du monde de boxe. Sur les rings, il accumule les frasques et les impertinences, ce qui lui vaut certes une forme de dénigrement de la part des pros, mais ce qui lui fait une publicité d’enfer. Dans la vie privée, il s’affiche en compagnie de la jet-set et multiplie les conquêtes d’une nuit. Jusqu’au jour où il tombe sérieusement amoureux d’Anna, une italienne avec qui il décide de se marier. Pour l’occasion, il se réconcilie avec son pote de la cité, Mo’, qui avait tant « balancé » sur lui par voie de presse. Il lui demande alors plusieurs choses : premièrement, d’être témoin de son mariage. Deuxièmement, d’organiser le grand match de boxe contre Mike Evans… dans SA cité. Troisièmement, de s’occuper de faire construire un gymnase dédié à la boxe dans le même quartier, et financé par ses revenus de star. Bref, Anton semble s’acheter une ligne de conduite. Pourtant, quelques jours plus tard alors qu’il visionne une VHS, il tombe par hasard sur un film porno dans lequel joue Anna. Son Anna est une prostitué. Son Anna l’a manipulé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est le cas de le dire, le premier épisode de ce diptyque avait fait l’effet d’un coup de poing. L’enragé Anton Witkowski, issu d’un quartier modeste et sans avenir, réussissait une fulgurante ascension jusqu’au sommet de la boxe mondiale, grâce à son indéfectible hargne. Ce second volet poursuit le récit là où il en était resté, et revient sur l’affaire – une accusation calomnieuse de la part de concurrents – qui conduit le champion sur le banc des accusés d’un tribunal. Dans cette suite, Baru (Hervé Baruela) réinjecte les ingrédients qui avaient fait la force du premier volet. C'est-à-dire une intensité permanente qui se passe souvent de dialogues, un rythme exemplaire, un style de dessin direct, mordant, acerbe et malgré certains aspects caricaturaux, d’une grande précision. A l’image du caractère du héros, narration et graphisme se synchronisent et s’imbriquent avec passion. Si le premier tome se concentrait sur le « déplacement social » d’Anton, cette suite aborde plus volontiers, et avec la même authenticité, la réalité des banlieues. Baru touche juste lorsqu’il dépeint l’embrasement des citées découlant d’une injustice, la révolte à travers le rap et surtout, les nouveaux moyens d’actions médiatiques – et donc constructifs – utilisés depuis quelques années (marches silencieuses, manifestations artistiques…). Un double album puissant, sans doute l’œuvre la plus achevée de l’auteur.