L'histoire :
Après des aventures nord-américaines mouvementées, Richard de la Ruquerie quitte San Francisco. En compagnie de son ami Gareth Booth, il met le cap sur la Colombie pour un nouveau chantier ferroviaire. Le 21 novembre 1969, ils arrivent au Panama. Miguel Rafaelo Brancato, délégué par le gouvernement fédéral de Bogotá, et le Capitán Hernán Rojas, les accueillent sur le quai pour les escorter jusqu’à Santa Marta, la capitale de l’État souverain de Magdalena. Arrivés sur place, ils rencontrent le Gouverneur Pinzón qui leur présente le tracé sud-Ouest de la future ligne de chemin de fer qui passera par la Sierra Nevada et Aguachica. Cette révolution devrait faire entrer la Colombie dans le XIXème siècle. Après cette entrevue pleine d’enseignements, Richard retrouve Miguel. Celui-ci l’informe sur le contexte local. Il lui apprend notamment que le Gouverneur est un homme cruel et corrompu. En effet, pour protéger ses riches amis et son propre intérêt, il a décidé que le rail desservira Medellín et ses nombreuses mines. Alors qu’un tracé vers le sud, puis l’Est, privilégierait la desserte de Bogotá et l’intérêt du peuple. Pendant ce temps, en Normandie, la famille La Ruquerie mène une vie paisible. Amélie attend un enfant du frère de Richard. Mais au loin, la guerre contre la Prusse se dessine à l’horizon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les tribulations de Richard à travers le continent américain continuent. Après s’être fait les dents au Nord, il file vers Santa Marta (Colombie), plus exactement sur les terres où le grand homme politique vénézuélien a vécu ses dernières heures. L’âme de cette figure emblématique qui participa à l’indépendance d’un vaste territoire sous le joug espagnol (actuelles Bolivie, Colombie, Venezuela...) plane sur ce deuxième tome. Le job de Richard consiste à négocier avec les populations locales. Le passage du train sur leurs terres le plonge dans une situation complexe. D’un côté, les Indiens Kogis, derniers héritiers de la civilisation Taironas, ne veulent pas du tracé ferroviaire qui passera sur leurs terres ancestrales. D’un autre côté, la fragile République est prête à tout, jusqu’à employer la force pour faire entrer la Nouvelle Colombie dans une nouvelle ère économique. Le progrès, oui mais à quel prix ? Ce voyage le change à jamais et aura des répercussions lors de son retour en Europe. Ce deuxième opus nous en dit plus aussi sur le point de départ de la narration du scénariste, le pendentif Taironas, un « pectoral », plus précisément, que l’on peut admirer au Musée du Louvre. François de la Ruquerie met toute son émotion dans cette histoire, on le sent ! La dessinatrice Elvire de Cock embrasse quand à elle cette aventure avec sensibilité. Les regards de ses personnages sont profonds. Il faut saluer aussi son formidable travail de documentation qui rend la reconstitution graphique de l’histoire crédible. Dommage que cette histoire n’ait été déclinée qu’en diptyque, un triptyque aurait été le bienvenu. L’épilogue aurait mérité quelques pages supplémentaires, histoire de faire durer le plaisir…