L'histoire :
Blandine est sur scène en train de faire son show dans le cabaret de Charleston où elle est stripteaseuse… Lorsque soudain, elle ressent un flash : il vient d’arriver quelque chose à sa sœur jumelle Aline. Effectivement, quelques instants plus tôt en cet été 1969, sur une autoroute française, Aline est passagère de la puissante berline conduite par son compagnon Philippe. Aline et Philippe viennent de s’engueuler dans une cafeteria, au sujet de l’éventuel bébé qu’Aline porte. Mais le moment précis est à la panique : Aline vient de disparaître, au sens strict du terme. Pschit, comme évaporée. Abasourdi par ce phénomène, alors qu’il est en train de doubler à pleine vitesse, Philippe réagit mal à un freinage d’urgence nécessaire. Il s’encastre dans un camion. Il se réveille à l’hôpital, la moitié du corps dans le plâtre, face à ses beaux-parents qui lui reprochent le meurtre de leur fille. Evidemment, personne ne croit à sa version des faits. Et pourtant, les forces de polices ne parviennent pas à retrouver le corps d’Aline. Sans corps, impossible d’inculper Philippe pour meurtre, quand bien même un faisceau d’indices l’accusent : Aline venait de le désigner bénéficiaire d’une super assurance-vie. Aussitôt rentrée en France, Blandine mène son enquête, aidée en cela par les nombreuses coupures de presse d’un homme qui la contacte depuis la Prison de la Santé. Un homme à qui l’on reproche le meurtre de sa femme, alors que celle-ci a tout bonnement disparue, dans son bain. Et ces deux cas de disparitions spontanées sont loin d’être isolés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Damned, quelle est l’explication de ces mystérieuses disparitions ? En cet été 1969, tandis que l’homme marche pour la première fois sur la lune, des gens d’évaporent en un battement de cil. Un homme emprisonné – pour avoir été incapable d’expliquer comment il a fait disparaître sa femme – s’évertue depuis lors à recenser et classifier ces centaines cas en catégories. Et sa collection nourrit la sœur jumelle d’une disparue dans l’enquête qu’elle mène et qui nous tiendra en haleine tout du long de ce one-shot. L’intrigue est prégnante, du pur Zidrou (plutôt pour adultes) qui sait y faire pour alterner les séquences sans prévenir, mais sans qu’on s’y perde. A l’aide de flashbacks, de témoignages, de dialogues et de bons mots savoureux, on comprend vite qu’il ne s’agit pas de meurtres déguisés, mais bel et bien de disparitions inexpliquées… et inexplicables. Ce dernier adjectif constitue la déception de conclusion, selon une méthode Blairwitch qui en agacera plus d’un et ne répondra pas à la question de notre première phrase. Le lecteur devra se contenter de l’immersion nostalgique dans la fin des sixties française, d’une enquête entre adultes qui trimbalent tous leur amertume de l’humanité, et du focus sur l’effet intime que produit la disparition (au sens que vous voulez) d’un être cher. Eric Maltaite déroule quant à lui le dessin semi-réaliste parfaitement maîtrisé qui fait sa griffe, principalement centré sur les personnages. Un clin d’œil au regretté Pierre Tchernia en bonus.