L'histoire :
Justin a réussi à convaincre sa chérie, Christina, de le suivre pour se lancer dans une ruée vers l’or, malgré l’interdiction formelle du père de la donzelle. Elle fugue donc avec lui, en pleine nuit, et commence un long périple pour rejoindre la région du Yukon, leur destination finale. Mais le train qui les amène à leur première étape, Vancouver, déraille. Parmi les quelques survivants, le couple fait la connaissance d’Alison, une petite fille de 8 ans abandonnée dans le train par son oncle, et de Lew Frane, un homme volontaire et courageux, à la recherche de sa femme. Pendant qu’ils essaient de s’en sortir, le père de Christina fou de rage, embauche le meilleur privé du coin pour retrouver sa fille et le salopard qui l’a enlevée. Au même moment, Doug et Sydney, un couple d’ex-associés de Justin, sont activement à sa poursuite. Enceinte de Justin, Sydney espère bien lui cracher sa haine au visage. Finalement, les rescapés de la catastrophe ferroviaire arrivent à l’hôpital de Vancouver. Justin fait alors la promesse à Lew de ramener la petite Alison à Seattle avant de continuer son voyage. Mais il part dans la foulée, sans une pensée pour la fillette qu’il abandonne à son triste sort, direction les Escaliers d’Or, passage obligé et très dangereux entre le Canada et les USA… et l’Or !!!
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Philippe Thirault construit son scénario dans un cadre sauvage, l’Amérique de la fin du XIXe, et à une période historique exaltante, celle de la ruée vers l’or. Il gâche un peu notre plaisir en utilisant des ficelles énormes pour mettre sur la piste des deux fugueurs, un privé et des ex-collègues. Mais il faut bien avouer que malgré les facilités scénaristiques, La fille du Yukon reste un album prenant. D’abord parce que l’un des personnages principaux, Justin, apparaît dès le départ être un fourbe doublé d’une belle ordure. Mais il cultive quelques contradictions, puisqu’il n’hésite pas à venir au secours d’un vieux bonhomme que tout le monde s’apprête à laisser mourir. Les personnages de Lew et de sa femme, qui fait une brève apparition en fin d’album, semblent également promettre des aventures mouvementées, en tous cas proportionnelles à leur caractère entier. Le dessin de Siniša Radović est d’un classicisme achevé et absolu, qui a cependant le mérite de nous plonger de façon réaliste dans les grands espaces arides canadiens et américains, et soutient efficacement cette fresque d’aventure historique.