L'histoire :
En 1903, Manuela accouche dans le quartier d’Avellaneda de Buenos Aires, d’un petit rouquin baptisé José. C’est le vétérinaire qui l’aide. A cette époque, le président du club de foot local décide de l’emplacement du futur terrain de foot, pour le Racing Club d’Avellaneda : un champ. Dix ans plus tard, José apprend le foot et il s’avère plutôt doué. Sa rapidité, sa dextérité et sa chevelure rousse lui valent le surnom de « la flamme ». En 1938, au sommet de sa carrière de footballeur, « la flamme » est devenu une star du Racing. Celui qu’on surnomme aussi « El ruso » (le russe !) est pourtant sur le point de raccrocher les crampons. Comme cadeau de départ, les dirigeants du racing lui offrent une poule en cage. Mais El Ruso restera attaché à ce sport et il tentera de transmettre cette passion à son fils Jorge, dès 1953. Le fiston s’avère pourtant plus intellectuel que sportif : il adore l’architecture. Il joue tout de même au foot en compétition, mais pas dans l’équipe première. Et si les journalistes s’intéressent parfois à lui, c’est plus en raison du glorieux passé de son père. Cela l’agace au plus haut point que le public l’acclame sous le surnom de « El rusito »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers la Flamme, l’argentin Jorge Gonzalez fait une plongée autobiographique dans la Mémoire de sa propre famille (sur les derniers 120 ans, en gros) et il interroge globalement sur la transmission et la vocation. Qu’est-ce qui fait qu’on transmet l’envie, voire même le talent ? Pourquoi transmet-on certaines choses et pas d’autres ? Comment définit-on sa vocation ? Est-il totalement évident d’éviter de projeter ses propres rêves à travers le destin qu’on tente d’infléchir chez ses enfants ? Autant de question dont on met généralement une vie à répondre, et dont on saisit parfois l’essentiel sur son lit de mort… Une chose est sûre : notre moment présent se campe entre les souvenirs et la destinée. Ok, la catharsis est donc ici patente. Gonzalez livre un travail sérieusement personnel et plutôt abouti dans le registre. Néanmoins, 276 pages quelque peu hermétiques pour aboutir à ces questionnements intimes, que tout un chacun est amené à se poser par moments sur le fil de sa vie, voilà qui ne risque pas de séduire le lecteur lambda. D’autant que si Gonzalez maîtrise indubitablement les codes narratifs de l’art séquentiel, il préfère ici se laisser porter par les muses de l’art contemporain, quitte à aligner des pleines planches de monochromes bleus, roses, gris (surtout gris charbonneux !)… totalement austères et souvent absconses. Et lorsque la narration séquentielle se déclenche, avec des personnages dessinés de manière stylisée, son dessin oscille sur une large palette de cases/planches qui n’ont en commun que l’austérité et l’hermétisme. Une œuvre personnelle et difficile…