L'histoire :
Nerio Winch raccroche le combiné téléphonique, étonné que l’annonce de la mort de son père ne lui fasse que peu d’émotion. En sortant de son club privé, il percute un homme par inadvertance. Ce dernier, plein d’arrogance, le traite de nabot. Il est vrai que Nerio Winch n’est pas grand et c’est son plus gros complexe qu’il vaut mieux ne pas chatouiller. Le grand blond va l’apprendre à ses dépens. Nerio n’a pas le temps de remettre l’homme à sa place, car il doit se rendre au chevet de son père. Ce dernier ne s’est que peu occupé de Nerio étant petit. Lorsque sa femme est décédée en couche, il a confié l’enfant à la fille de sa cuisinière qui venait d’avoir un bébé. Ainsi, Nerio Winch a un frère de lait noir, Sidney qu’il considère comme son frère de sang. Lors de l’enterrement de Thomas Winch, Nerio n’est pas présent, il est à Washington pour remettre la main sur les champs pétrolifères concédés par son grand-père Milan Winczlav aux Cherokees. Une fois la Winchoil créée, Nerio a deux objectifs dans la ligne de mire. Anéantir le gros lourd blond qui a osé lui manquer de respect et trouver un hériter pour l’empire Winch. Sur ce dernier point, il se lance à la recherche d’un certain Largo, fils de Danitza Winczlav descendante directe du frère de Vanko Winczlav, l’arrière-grand-père de Nerio.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il faut tout de même avouer que quand le maître Van Hamme reprend la plume et concocte un petit montage financier dont il a le secret, un sentiment de nostalgie du début des années 90, époque de création de la série-mère, refait surface. Même si Éric Giacometti, qui a repris le scénario de Largo Winch en 2017 avec L’étoile du matin, a entrepris un retour aux fondamentaux pour le bonheur des aficionados de la série, la touche Van Hamme est dans l’ADN de Largo. L’album est rythmé par l’histoire principale qui tourne autour de la vie de Danitza et la recherche de Largo ; ainsi que d’une histoire secondaire pour laquelle le lecteur se retrouve à suivre l’implacable Nerio. Avec son complexe de taille, ce dernier fait des ravages à quiconque lui manque de respect. La mécanique économique de la chute de Gordon est un vrai petit bonbon. Puis en fond, il y a l’évolution de la relation entre Nerio et son frère de lait, Sidney, à la suite du décès de Thomas Winch. La superposition scénaristique de ces différents récits, l’un sur le plan économique, le second focalisé sur l’action et le troisième sur le sentiment familial, ajoute une jolie complexité et beaucoup de rythme. Sur le plan graphique, comme pour les deux précédents opus, Philippe Berthet fait des merveilles. Avec son trait réaliste caractérisé par une ligne claire et une influence du style « retro », le rendu des personnages et des décors est réellement superbe. Le découpage des planches est classique, avec quelques planches modernes et des cases à géométrie variable. Car Van Hamme est un scénariste « bavard » et il faut tout le talent d’un dessinateur expérimenté comme Berthet, pour caser l’ensemble du texte. Une véritable madeleine de Proust.