L'histoire :
Sur le point d'être arrêté pour avoir commandité le meurtre d'un de ses cadres dirigeants, Largo a pu s'enfuir vers la Suisse, puis la Turquie. Il va tenter d'y démasquer le montage qui a abouti au versement par sa holding d'une somme de 8 millions de dollars à un trafiquant d'armes. Tout semble en effet indiquer que la Winch est mêlée à des ventes d'armes de grande envergure qui trouvent leur origine en Georgie. Le meurtre de sang froid de Sir Basil Williams, président de la branche transports maritimes de la Winch Corporation, s'expliquerait par son implication dans un trafic de containers impliquant un enquêteur des douanes turques. Prisonnier dans la cabine d'un porte-containers où il pensait trouver un indice, Largo est abordé de manière très directe par le commandant de bord, qui semble déjà le connaître. Or Largo n'est pas le seul passager clandestin du Wataya. L'incontrôlable Silky l'a suivi dans les soutes. Alors qu'il tentent de s'enfuir ensemble, des révélations pour le moins inattendues les attendent, qui vont les ramener à l'héritage de Nerio Winch, le père adoptif de Largo...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est toujours un grand plaisir de retrouver Largo Winch et ses copains/collaborateurs aux personnalités bien trempées. Pour une des dernières séries qu'il anime encore directement (il a « abandonné » Thorgal et XIII), Jean van Hamme entretient ce qui a fait son succès : des intrigues soignées et des seconds rôles impayables. Ce nouveau diptyque confirme cette méthode appliquée avec soin, même si l'entrelacs de sociétés impliquées dans le trafic d'armes en question est un peu complexe. La crédibilité sur les arcanes de l'économie (réelle ou souterraine) fait toujours la force de ce scénariste. Les mésaventures des compères de Largo sont également toujours au rendez-vous : ici Simon Ovronnaz embarqué dans un mariage forcé avec une très vilaine héritière suisse qu'il a libérée. Enchaînant les rebondissements plutôt faciles (une moto ou un hélico), cet album très remuant reste un divertissement haut de gamme, toujours porté par le travail graphique impeccable de Philippe Francq. Le dessinateur au personnage unique (il se consacre exclusivement à Largo depuis plus de 20 ans) fournit un travail d'orfèvre, d'une exigence sans cesse renouvelée. En digne héritier du dessinateur Hermann (Jérémiah), Francq nous offre à chaque épisode une ou deux images marquantes, le plus souvent à base de vue aérienne d'une grande ville, soufflante d'énergie et de vibrations. Ici c'est Chicago en pleine page qui est le clou visuel de cet album, ainsi que la demi page du porte-containers aux couleurs bariolées. Une sorte de luxe visuel qui fait partie du concept Largo Winch et que l'on retrouve avec un grand bonheur, comme les coupés sport anglais de chaque nouvelle aventure de James Bond.
