L'histoire :
Providence est un gardien de parc ordinaire, consciencieux, méticuleux et un peu rabat-joie quand il empêche les enfants de jouer dans la cascade. D’ailleurs, son chat Maldoror vous dirait la même chose, lui qui suit partout son maître en lui prodiguant de sages conseils. Mais Providence doit s’en tenir à sa mission, qui est de maintenir en bon ordre le parc malgré sa nouvelle directrice trop libérale à son gout, des agents psycho sanitaires qui le harcèlent et autres créatures monstrueuses qui envahissent de plus en plus le parc. C’est d’ailleurs en tombant dans le lac et en se débâtant avec des carpes roses gigantesques que notre gardien tombe sur un livre mystérieux aux pages blanches, mais doté de pouvoirs qui lui permettront peut-être d’atteindre cette maison inatteignable perchée sur la colline.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Daria Schmitt propose avec son bestiaire un récit en forme d’hommage à la littérature de l’étrange en commençant par le maître : HP Lovecraft. En donnant à son héros Providence les traits du romancier, Schmitt ne cherche pas à créer un récit original, mais plutôt à créer un pont, voire une porte d’entrée, vers l’imaginaire torturé de Lovecraft. Car Le Bestiaire du crépuscule reste un récit léger et lorgnant plus vers l’onirisme fantasque du Lewis Carroll d’Alice aux pays des merveilles que vers les ambiances angoissantes des Montagnes hallucinées. En effet, les déambulations de Providence et de son chat Maldoror (référence aux Chants de Maldoror de Lautréamont, autre ouvrage pionnier du genre) nous amènent à croiser des personnages curieux. Comme ces trois petites vieilles perchées sur leur branche ou cette patronne toujours à cheval. Mais cette mécanique nous laisse finalement peu voir de ce bestiaire qui donne son titre à l’ouvrage. Dommage, car avec son dessin magnifique et son trait proche de François Schuiten (auteur de la préface), Daria Schmitt nous enchante malgré tout en travaillant sur le noir et blanc ou plutôt l’ombre et la lumière, tout en y incluant des touches de couleurs dès que le fantastique fait une incursion. Avec cet album en forme de Lovecraft Origin, Daria Schmitt comblera les fans du genre et permettra peut-être à d’autres curieux de se lancer dans l’œuvre du maître.