L'histoire :
Vienne, Hiver 1948. Miss Elisabeth « Lizzy » Montagu accueille Graham Greene provenant de Londres, pour le compte de London Films d’Alexander Korda. Le rôle de la jeune femme est de le guider dans la capitale autrichienne sous occupation des quatre puissances : Royaume-Uni, France, États-Unis et Russie. Elle est tenue de l’assister pour l ‘écriture du film que Korda, Carol Reed et Greene souhaitent tourner. Elle l’accueille sur le tarmac de l’aéroport et le dépose à l’hôtel Sacher, où elle a déniché une chambre. Pour fêter son arrivée, Graham Greene sort une bouteille de scotch whisky et la partage avec Lizzy. Au Blaue bar, on commente l’arrivée de l’écrivain et on se félicite de sa venue dans une ville qui se meurt d’inculture, ravagée par les stigmates de la guerre. Le lendemain, Lizzy fait visiter la ville à Greene et notamment le cimetière Zentralfriedhof où reposent Beethoven et Salieri. La Tombe de Mozart est orpheline du corps du compositeur, enterré jadis en catimini au vieux cimetière Saint-Marx…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Coup de Prague est un célèbre épisode de l’histoire de la Tchécoslovaquie survenu en février 1948. A cette occasion, le Parti Communiste tchécoslovaque prit le pouvoir avec l’appui secret de l’Union Soviétique. Cet événement a directement inspiré le Troisième Homme, un long-métrage palmedorisé en 1949, réalisé par Carol Reed et écrit par Graham Greene, avec Orson Welles. C’est d’ailleurs le propos de cet album développé par Jean-Luc Fromental et Miles Hyman : l’histoire vraie qui a été à l’origine de la création de ce film mythique. Tous les personnages présents dans ce palpitant récit ont réellement existé (Graham Greene fut recruté pour le compte du MI6 par le célèbre agent double Kim Philby ; Elizabeth Montagu a vraiment accueilli Greene pour ses repérages à Vienne et l’a accompagné dans ses pérégrinations…). Fromental décrypte avec minutie cet univers de contre-espionnage où les faux-semblants sont plus vrais que jamais. La tension monte au fur et à mesure que l’histoire avance, mais toujours dans une lenteur délicieuse. Ce rythme s’illustre aussi par le crayon d'Hyman qui a élaboré un dessin précis avec des nuances de noirs : des noirs purs et des noirs chauds, pour son encrage. Les couleurs tirent vers le sépia comme pour mieux figer dans le temps cette histoire immuable. On prend le temps de découvrir les personnages et on se laisse prendre au jeu des espions. La collection Aire Libre reprend de biens belles couleurs avec Le Coup de Prague.