L'histoire :
Au salon du livre de 1983, Claudine se met dans une file d'attente pour rencontrer son auteur fétiche, le célèbre Bernard Chalenton. Quand arrive enfin son tour, la jeune femme fait dédicacer son livre préféré, Monsieur Blanche, un roman qu'elle a déjà lu cinq fois. Charmeur, l'auteur incite la jeune Claudine à se mettre à écrire, elle aussi, car il sent en elle un potentiel. La jeune femme lui explique alors qu'elle ne se sent pas assez douée, mais qu'elle aimerait avoir un enfant qui deviendrait un écrivain célèbre. Après avoir écrit quelque chose de gentil dans le livre, Chalenton le rend à sa propriétaire tout en glissant sa carte avec ses coordonnées. En 2005, Claudine vit en institut psychiatrique. En effet, suite à un événement inconnu des médecins, qui s'est déroulé il y a 20 ans, Claudine est entré dans une sorte de mutisme. Elle vit dorénavant dans l'œuvre de Bernard Chalenton, et plus précisément dans son roman Monsieur Blanche. Quelques temps après son entrée en mutisme, Claudine a donné naissance à une fille qu'elle a refusé de voir et d'élever. L'enfant a été confié à une famille d'accueil. Aujourd'hui, Colette, la fille de Claudine, est majeur et elle souhaite établir un contact avec sa mère et comprendre les raisons de son abandon à la naissance. Pour mieux la comprendre, la jeune fille multiplie les visites et lit le roman dans lequel semble vivre sa mère. Au fil des visites, Claudine insiste pour que sa fille se mette à écrire. Sans savoir pourquoi, cette dernière décide de s'y mettre effectivement, pour faire plaisir à sa mère et se rapprocher encore davantage d'elle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour son nouveau récit, Jean-Claude Servais (Orval, Isabelle, Le tempérament de Marilou...) livre une histoire parfaitement palpitante. Autour du mystère qui a amené Claudine à arrêter de vivre, l'auteur livre deux récits plaisants, qui se rejoignent à la fin. L'histoire avance efficacement et ne délivre la clé du mystère que dans les dernières pages, pour un résultat à la fois inattendu et habilement construit. De surprenante manière, Servais fait également une métaphore entre l'histoire et la saison du brame chez les cerfs, plus particulièrement concernant le dernier tour de piste du vieux cerf où sonne l'heure du Dernier brame (d'où le titre). Tout au long des 70 pages, le récit est criant de maîtrise, sans aucun doute l'un des meilleurs que l'auteur ait scénarisé. À la fin de l'album, un dossier annexe présente les différents auteurs dont s'est inspiré Servais pour créer l'œuvre littéraire de Bernard Chalenton, mais aussi pour les différents passages décrivant les cervidés. Les dessins de l'auteur sont comme toujours un parfait mélange de classicisme et d'efficacité. Néanmoins, on ressent une réelle efficience au niveau des personnages, parfaitement campés, qui jouent beaucoup dans la réussite du récit. Un album très plaisant, digne de la collection Aire Libre.