L'histoire :
Devant l’entrée du laser game, Nino hésite à se joindre à la bataille. En effet, il ne sait quel camp choisir. Sa sœur Ariane lui rappelle que la neutralité n’a jamais empêché de se retrouver au milieu des combats… comme la Belgique pendant la seconde guerre mondiale, officiellement neutre depuis sa création en 1830. Déjà, en 1914, les allemands étaient passés par ce plat pays pour envahir la France. Rebelotte le 10 mai 1940 : la Blitzkrieg passe par le Bénélux, bien moins défendus que la France et sa ligne Maginot. La Belgique tient deux semaines et demi face à cet ennemi extrêmement bien préparé militairement. Les bombardements allemands détruisent des villes entières et une grosse partie de l’aviation belge. L’exode des populations civiles vers la France est inévitable. Acculés à Dunkerque, point névralgique d’évacuation vers le Royaume Uni, 225 000 soldats belges sont fait prisonniers. Le 25 mai 1940, le roi Léopold III prononce la capitulation de son pays, contre l’avis de son gouvernement et des pays alliés. Dès lors, comme la moitié de la France, la Belgique est entièrement occupée par l’armée allemande. Le chef du gouvernement Hubert Pierlot, qui appelle à continuer la guerre, s’expatrie en France, puis au Royaume Uni…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le lecteur français ne pouvait que réviser à l’aide des deux précédents volets, mais il va véritablement apprendre un nouveau point de vue historique dans ce troisième. Ce prisme belge proposé par le scénariste Fabrice Erre sur la seconde guerre mondiale sera inversement bien plus familier des… belges. La seconde guerre mondiale a évidemment beaucoup ressemblé en Belgique à ce qui s’est passé en France : Blitzkrieg, puis occupation, spoliations, STO, division de la population entre résistants et collabos. Les différences tiennent dans l’origine ethnique des flamands, considérés comme appartenant à la race aryenne par les nazis, et les wallons, autrement plus persécutés. Mais aussi, comme dans le nord de la France, la Belgique fut doublement bombardée : par les alliés (qui visaient les installations de l’ennemi occupant) et par les allemands (qui guerroyaient contre les alliés). Rafle des juifs d’un côté, activisme « terroriste » de l’autre ; le roman national retient les salauds (le mouvement Rex de Degrelle) et les héros (le convoi de déportation libéré en avril 1943). Et si la solution venait des colonies ? C’est avec l’uranium produit au Congo belge que les américains fabriqueront la première bombe atomique qui leur permettra de vaincre le Japon en 1945. Côté dessin, Syvain Saboia alterne cartographies, scènes de guerres et scènes de la vie de tous les jours pour les civils qui, comme en France, seront les principales victimes de la barbarie nazie. Le dossier final porte le focus sur Hubert Pierlot (le de Gaulle belge), Léon Degrelle, et les résistants Andrée de Jongh et Jean-Baptiste Piron. La problématique du maintien du roi Léopold III, puis le déroulé de la bataille des Ardennes précèdent enfin le traditionnel fil chronologique récapitulatif.