L'histoire :
C’est le matin de Pâques ! Le petit Nino et sa sœur Ariane « cueillent » les œufs en chocolat que les cloches ont laissé tomber dans leur jardin. Ariane prévient son frère : attention, les œufs, on a envie d’en consommer beaucoup parce qu’on en trouve plein, mais ce n’est pas infini ! C’est un peu comme le pétrole, quoi. « Ah bon, le pétrole se trouve par terre aussi ? », demande Nino. Ariane se lance donc dans un cours magistral sur ce liquide aussi précieux que polluant. Il se trouve généralement sous terre, en profondeur, et il résulte de restes organiques transformés par la pression et la chaleur, au fil de millions d’années, en fluide gluant noir. Sous l’antiquité, les égyptiens s’en servaient pour conserver les momies, les grecs pour étanchéifier les coques de leurs bateaux, les byzantins pour incendier les navires ennemis avec du « feu grégeois ». Puis au XVIIIème siècle, les médecins en ont fait des médicaments ; et au XIXème, il a remplacé l’huile de baleine dans les lampes d’éclairage ! Aux USA, la Rock Oil Company décide d’industrialiser la production de pétrole pour les lampes. Elle engage un certain Drake, qui invente le premier derrick, une machine qui fore jusqu’à 10 barils par jour ! Les gens de Titusville, où il a expérimenté la chose, se rendent compte qu’ils vivent sans doute sur un trésor… c’est le début de la ruée vers « l’or noir »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Connaître les origines organiques du pétrole, ses facultés chimiques et énergétiques, donc sa puissance financière, mais aussi les désastres écologiques qu’il engendre, c’est expliquer beaucoup de bases de la géopolitique mondiale. C’est pourquoi ce petit fascicule de la collection Le fil de l’Histoire est sans doute l’un des plus émérites pour expliciter le monde d’aujourd’hui aux enfants (et aux adultes !). Sans jamais être rébarbatives, les explications d’Ariane en BD, à l’endroit de son frère Nino, s’avèrent vraiment un biais de transmission idéal sur la toute-puissance du pétrole, encore à notre époque. Avec l’électricité, l’or noir est assurément le déclencheur de l’ère industriel que nous vivons encore aujourd’hui. Ici, on apprend que Drake, l’inventeur du derrick, est mort pauvre ; là, que jamais personne n’a atteint la fortune de Rockfeller, qui a investi dans les raffineries ; ici encore, que la plus grosse nappe de la planète mesure 280 km de long sur 30 km de large (en Arabie)… Une mine d’informations essentielles et sensées. Le scénariste Fabrice Erre a vraiment le don de la transmission didactique : il fait un tour relativement exhaustif et complet du sujet en 32 planches faciles à ingérer. Sylvain Savoia a quant à lui toujours celui de l’illustration semi-réaliste fluide et évocatrice. Ultime preuve (s’il en fallait) de l’importance de ce sujet : les héros cultes de la BD s’y sont déjà tous intéressé. Tintin dans L’or noir, Lucky Luke dans A l’ombre des derricks, Astérix dans L’odyssée d’Astérix, sans oublier la firme dirigée par Largo Winch, qui possède évidemment une branche pétrolière…