L'histoire :
En plein été 1995, un jeune garçon vient poser sa canne à pêche le long d’une rivière. Accompagné de son grand-père, il tente d’attraper des poissons et pose son regard encore jeune et innocent sur le monde et la nature qui l’entourent. Et au milieu coule la rivière, celle des souvenirs. 1er septembre 1939, l’Allemagne nazie force l’évacuation de Strasbourg. Grand-père se remémore ses jeunes années, sous l’occupation. Les mois passent et la présence allemande se fait de plus en plus intense et oppressante. Sous l’égide du Gauleiter, toutes les fortes têtes se dressant face à l’envahisseur étaient envoyées dans des camps de redressement où les travaux forcés et les différentes tortures avaient raison des internés. Au sortir de ces camps, les hommes étaient diminués et leur allure arrivait définitivement à tuer dans l'œuf n’importe quelle tentative de rébellion. Mais certains d’entre eux vont faire une découverte inespérée : un vieux fort de l’armée française abandonné. Armes et munitions sont entre leurs mains et ils feront tout pour faire barrage à l’oppression.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scénariste et dessinateur sur Le lierre et l’araignée, Grégoire Carle signe ici un devoir de Mémoire et de transmission. Par le biais d’une passion commune les réunissant autour d’une rivière, l’auteur se sert de la métaphore de l’eau qui coule et des souvenirs pour raconter l’histoire de son grand-père. L’histoire de ce héros français est touchante, mais également une belle ode à la défiance, au combat et à la résistance. Malgré un début quelque peu laborieux autour de ce qui lie l’auteur à son grand-père, la suite des événements est racontée avec une grande minutie et permet au lectorat de se pencher un peu plus sur un morceau essentiel de l’histoire de son pays (si tant est qu’il soit français). Initialement, l’attrait pour la pêche et pour la faune des marais pourrait quelque peu décontenancer les lecteurs s'attendant à un récit purement historique. L’histoire nous plonge néanmoins aux côtés de jeunes résistants appartenant au groupe de « la feuille de lierre », faisant l’expérience horrifiante et traumatisante des camps destinés au « redressements » des hypothétiques opposants au régime dictatorial s’installant peu à peu en France. C’est avant tout une histoire de courage et de dépassement de soi qui est ici racontée, l’histoire d’un pays et d’une population meurtri gardant la tête haute. Malgré ce sujet précieux, pouvons émettre une réserve au niveau du graphisme. Dans l’ensemble, Grégoire Carle illustre à merveille les marais et les étangs de sa jeunesse et propose une sublime représentation de la ville de Strasbourg et de ses environs. Mais la représentation des personnages et des visages peut perdre le lecteur qui aura du mal à différencier les différents protagonistes. Les gros plans peuvent également être considérés, toute proportion gardée, comme en dessous du reste. Le lierre et l’araignée est une belle histoire sur le courage et le patriotisme, mais aussi sur l’héroïsme de ces héros de l’ombre qui ont vaillamment combattu un envahisseur tentaculaire et terrifiant.