L'histoire :
Fortuné d'Hypocondre est un critique littéraire légèrement anarchiste qui travaille pour le journal Le libertaire érudit. Depuis trois semaines, il est hanté par le Corbeau, héros d'un roman d'Homère Saint-Illiède. Son entourage, le voyant parler et se disputer seul, pense qu’il est en train de devenir fou. Du coup, il se retrouve seul et perd même son emploi ! Il décide alors d'écouter ce que le Corbeau, qu'il croit être un mauvais tour de son imagination, lui veut. Le Corbeau lui explique alors qu'il n'est pas le fruit de son imagination, qu'il est un être vivant et qu'il vient du monde des imaginés, le monde où vivent tous les personnages inventés par les auteurs. Et dans ce monde, le rang social est déterminé en fonction du nombre de lecteurs. Or, même si pour l'instant, il y a énormément de personnes qui lisent ses aventures, le Corbeau craint que ce ne soit que provisoire et qu'il soit très vite oublié. Il souhaite donc retrouver son auteur pour lui soumettre une idée de scénario qui lui permettra de devenir inoubliable aux yeux des gens. Pour réussir cela, il requiert l'aide de Fortuné. Dans le même temps, un serial killer qu'on surnomme le « videur de têtes » parce qu'il mange le cerveau de ses victimes, tue nuitamment un commis en forêt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fabrice Lebeault, auteur de Horologiom (chez Delcourt), rend ici un chouette hommage aux feuilletons policiers d'antan. Son intrigue prend pour décor le Paris du XIXe siècle et l'histoire, teintée de fantastique, nous présente un héros contraint d'enquêter sur la mystérieuse identité d’Homère Saint Illiède. Fortuné se prend vite au jeu et rassemble peu à peu des éléments le mettant sur la bonne piste. Tout au long de son enquête, on essaye en vain de trouver quelle est la véritable identité de Saint-Illiède… Ce n'est que dans les toutes dernières pages de cette aventure en one-shot riche en rebondissements que l'on découvre la vérité ainsi que le lien entre les meurtres et l'auteur du roman Le Corbeau. Le scénario est plaisant, agréable à lire et ses multiples rebondissements permettent aux lecteurs de ne pas s'ennuyer et de rester accrochés. Les dessins quant à eux, sont réalistes et reflètent parfaitement l'esprit et l'ambiance des polars de l’époque, bien que très (trop ?) scolaires et classiques. Notons également qu'à la fin du récit, qui compte pas moins de 66 pages, Dupuis publie le récit originel de douze pages qui a servi d’avant-projet à la bande dessinée, accompagné des superbes aquarelles qui ont séduit l’éditeur…