L'histoire :
En auvergne en l’an 1076. Si les gueux font la queue pour être reçue par Marie Languedolce, ce n’est pas tant pour ses qualités de rebouteuse, que parce que son fils Hermance multiplie les miracles. Par simple apposition des mains, il referme des plaies abominables et guérit des plus vils maux. Sa renomée est telle que marie le prépare déjà à une vie de nouveau messie. A la mort de sa mère, Hermance perd étrangement tout pouvoir. La sainte inquisition en profite pour lui infliger le supplice de l’armure des tourments, commençant par lui brûler les pieds. Terrassé par la douleur, Hermance exécute un énième prodige : il enflamme tout alentour puis disparait. Il est alors recueilli par une troupe de tziganes et son don est oublié pour quelques années. Jusqu’au jour où, alors qu’il tente d’escroquer la foule à Jérusalem, un redoutable guerrier assoiffé de sang et de pillages, s’aperçoit de la supercherie. C’est Karlis, dit le « Live noir », un cruel mercenaire qui depuis une révélation divine a mis sa vie et sa fougue barbare au service de la foi chrétienne. Au contact d’Hermance, il entrevoit soudain, dans un nouveau flash, le potentiel fantastique du garçon. Il l’enlève alors et part en sa compagnie délivrer Jérusalem…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jusqu’alors, il y avait Mel Gibson pour traduire la foi chrétienne sur les écrans à l’aide d’hectolitres de sang. Désormais, en BD, il y a ce Rêve de Jérusalem, qui a du nécessiter quelques bidons d’encre rouge lors de son passage sur les rotatives. Massacres, tortures, pillages, incendies, chaos… Rares sont les pages qui ne contiennent pas leur scène de souffrance, leur giclée de viscères. Certes, la chrétienté à l’époque des croisades devait effectivement contenir son lot de mœurs barbares. Mais ici, Philippe Thirault charge volontairement la barque en livrant une vision infernale de cette ère médiévale sauvage, aux frontières du fantastique. Linéaire, le premier volet de son récit (sur 4 prévus) est d’une noirceur totale, mais il est magnifié par le talent graphique de Lionel Marty (Mort Linden). Sous les traits du dessinateur, les scènes de batailles sont d’une puissance visuelle telle, qu’on en entendrait presque le fracas des armures s’entrechoquer. Les armées colossales imposent le respect, les épées tournoient, les têtes coupées s’entassent, les empalements se banalisent, les pages s’embrasent. De nombreuses cases très détaillées restent longtemps gravées dans la tête (surtout les vues d’ensemble des champs de bataille). Où tout ceci va-t-il nous mener ? A suivre dans un an tout rond…