L'histoire :
En 1946, par une soirée caniculaire, deux golems cyclopes massifs et noirs ébène poursuivent une jeune femme noire agile et revêtue d’une peau de léopard, sur les toits de Bruxelles. Avec sa souplesse, la femme-léopard parvient à se cacher derrière des cheminée, à bondir de gouttières en pignons, jusqu’à parvenir à la lucarne de la suite du colonel Van Praag au sein de Moustic Hôtel, un véritable musée de pièces africaines. Au téléphone, ce vétéran de la guerre en Afrique réclame en râlant la bouteille de whisky qu’il a commandé il y a une demi-heure. Dans le hall de l’établissement, Spirou se fait houspiller par son chef : il pue l’alcool et il traine. Le groom est alcoolique depuis la mort d’Audrey (cf. Le groom vert-de-gris) et il s’exécute sans grande motivation. Il monte les étages avec un plateau et la bouteille, profite d’un palier désert et engloutit en douce une rasade de whisky. Or une fois arrivé chez Van Praag, il découvre ce vétéran agressé par la femme-léopard, qui lui réclame le « koso », un fétiche sacré. L’ivresse de Spirou le rend peu efficient… il est assommé par un trophée de rhinocéros. Son intervention permet néanmoins au colonel de mettre en fuite la femme-léopard, après l’avoir blessée à la jambe. Quand Spirou revient à lui, le colonel s’est mis en chasse sur les toits. Spirou les rattrape et retrouve la femme blessée et inconsciente. A son tour poursuivi par les golems, il la porte et la met en sûreté dans l’appartement de Fantasio…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Trois ans, qu’il n’y avait plus eu d’aventures de « Spirou et Fantasio par ». Rien depuis Le groom vert-de-gris par deux certains… Yann et Olivier Schwartz. Le duo récidive aujourd’hui, en reprenant leurs célèbres héros où ils les avaient laissés, ou plutôt quelques années plus tard, au sortir de la seconde guerre. Un bon point d’entrée de jeu : l’action bat son plein avec une course-poursuite sur les toits de Bruxelles entre une femme-léopard, des golems cyclopes, un colonel flingueur et notre pauvre Spirou. Fichtre, on est intrigué… et on le restera. Car Ensuite, Yann retombe dans son principal travers : surcharger la barque de références, de dialogues superfétatoires, de bons mots, de détails caustiques, de caméo à des comparses auteurs ou à des personnages cultes (tiens, Alan de Tintin !). Si tout cela façonne souvent sa griffe de scénariste de première classe, l’abus de détails finit par ébouriffer, lasser et perdre le lecteur. Les services secrets américains s’en mêlent, les intellectuels de l’âge d’or germano-pratin aussi… On prend les évènements comme ils viennent, sans trop se poser de question, mais sans prendre énormément de plaisir non plus. Et plus on avance vers la fin, plus on sent le coup venir : l’aventure – et peut-être les explications de ce foutraque facho-léopardo-golem – seront à découvrir dans un prochain tome, Le maître des hosties noires. Damned. En bonus collatéral, on profite tout de même du dynamisme graphique de Schwartz : bien que chargé de détails dans les décors, son dessin reste toujours très lisible, a du chien et réserve parfois de bonnes ambiances.