L'histoire :
Il y a tout juste 30 ans, Jean Van Hamme, scénariste de renom et alors directeur des publications des éditions Dupuis, et Philippe Vandooren, rédacteur en chef du journal de Spirou, réfléchissent à l'idée d'une nouvelle collection. Elle sera baptisée Aire Libre, dans l'idée de donner un souffle nouveau au 9ème art, avec des titres qui sortent des sentiers battus et un esprit proche de la mythique revue À suivre. Ironie du sort, cette dernière disparaît, remplacée par l'album. Les premiers titres à garnir la collection Aire Libre sont : Le voyage en Italie de Cosey, S.O.S. Bonheur de Griffo et Van Hamme, Laïyna (La forteresse de pierre et bientôt Le crépuscule des elfes) de Dubois et Hausman. Viendront ensuite La guerre éternelle de Marvano et Hadelman, La 27ème lettre de Will et Desberg. Cette collection est conçue comme un véritable espace de liberté de création pour les auteurs avec des récits aussi puissants que Zoo (Frank Pé), Abymes (Griffo, Malnati, Bajram et Valérie Mangin), Azrayen' (Lax), Portugal (Pedrosa), Capitaine Écarlate (David B. et Guibert), Le Réducteur de vitesse (Blain) ou encore Cinq branches de coton noir (Cuzor et Sente) et Est-Ouest (Christin et Aymond)...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les cahiers Aire Libre reviennent sur une aventure incroyable qui est loin d'être terminée. Tout commence par une interview croisée avec Jean-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental, Bastien Vivès, Didier Tronchet et Steve Cuzor. On y apprend une foule d'anecdotes et leurs ressentis. S'ensuivent des réponses illustrées et écrites des différents scénaristes et dessinateurs qui ont contribué à Aire Libre. La question est à la fois simple, directe et propice aux interprétations : pourquoi faites-vous de la bande dessinée ? Hervé Bourhis et Christian Durieux partent dans un délire gaullien plein d'humour et d'esprit absurde (venant d'eux, est-ce bien étonnant ?), Philippe Dupuy rend un hommage appuyé à Philippe Druillet, son grand inspirateur. D'autres auteurs prennent leurs quartiers libres et laissent voguer leurs imaginations fertiles, comme Christian Cailleaux, Emmanuel Guibert, Catel, González, Prado. Les Cahiers Libres montrent toute la richesse graphique de la BD, de la puissance du trait et des couleurs à l'impact des mots. Oui, la BD est un véritable art, à part entière, et Aire Libre le démontre par ses choix éditoriaux audacieux. Terminons sur les jolies phrases de Valérie Mangin (« je vis une histoire d'amour fusionnelle avec la bande dessinée ») et de Jean Van Hamme (« Si ma dizaine de romans s'était mieux vendue, je n'aurais plus écrit de scénarios de BD. La chance est un papillon qui vole sans bruit dans le dos d'un aveugle »).