L'histoire :
Calay, fermier et père de trois enfants, coule des jours heureux au Népal avec sa famille. Ou presque… son fils cadet Kazi est sans cesse persécuté par les autres enfants à cause de son infirmité : il est sourd et muet. Après que celui-ci ait failli mourir noyé suite à un mauvais coup des enfants du village, Basanta, le fils aîné, convainc son père d'offrir Kazi à Bouddha, selon la tradition et comme beaucoup de famille. Au monastère, il sera traité comme les autres et recevra une éducation qui le fera devenir un lama. En outre, la famille est pauvre et a du mal à nourrir 5 bouches. 15 ans plus tard, Calay ne s'est toujours pas remis du départ de son fils et fait face à un autre souci : la rivalité grandissante de ses deux fils. Ils sont en effet tous deux amoureux de la même fille, Mina. Basanta est en âge de reprendre la direction de la ferme et décide d'épouser Mina, qui accepte malgré son amour pour Resham. Un soir, la rivalité des deux frères explose et ils en viennent aux mains ! Calay intervient et suite à cette dispute, Resham quitte le village pour s'enrôler dans l'armée… sous la bannière Britannique, malgré la désapprobation de son père. Un an plus tard, Calay part retrouver Kazi. Or, le seul moyen de pénétrer au Royaume du Mustang, c'est de s’enrôler par les britanniques comme « pundit », c'est-à-dire un cartographe au service de l’armée anglaise....
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce nouveau diptyque, Lax (le choucas) signe une belle et grande aventure familiale. Cette famille népalaise est très attachante et on prend beaucoup de plaisir à suivre leurs péripéties. Le père de famille s'occupe du mieux possible des ses enfants et se retrouve tourmenté par ses choix. Sa personnalité évolue, d'abord gentil avec les colonisateurs, il finit par devenir de plus en plus rebelle, mais doit abandonner ses convictions, espérant pouvoir revoir son fils cadet. Il se passe énormément de choses durant cette magnifique première partie, qui compte pas moins de 56 pages. L’un des fils aura du mal à trouver sa place à côté de l'aîné et quittera la maison – un périple que le père sera sûrement amené à croiser au cours du prochain tome. Un policier népalais suit Calay en attente du moindre faux-pas de sa part… Tout cela se découpe et s’entremêle en plusieurs actes, à l'instar d'une pièce de théâtre. Le tout est subliment mis en dessins par Jean-Claude Fournier (oui oui, l’ex auteur de Spirou dans les années 80 !) vétéran du 9e art (et ami de Lax). En livrant un trait moderne et spontané, ce septuagénaire se frotte courageusement à un registre dans lequel personne ne l’attendait. Chapeau ! Le seul reproche que l'on peut faire à cette première partie c'est de se conclure de manière certes magistrale mais totalement insoutenable pour le lecteur, à un moment crucial pour la suite de la quête de Calay. Gagh, vivement la sortie du tome 2 !
