L'histoire :
Alors qu’elle est enfant, Eva attend son père avec sa maman à la maison. Sa mère est inquiète qu’il ne soit pas rentré, mais elle n’en touche pas à un mot à sa fille. Elle lui demande d’aller se cacher, pour lui faire la surprise. Finalement, une silhouette d’homme arrive au loin. Le père d’Eva est finalement rentré. Le père part chercher sa fille, mais avant qu’il ne la trouve, la porte d’entrée s’ouvre en grand. Deux robots s’invitent et ils n’ont pas d’état d’âme. Avec leurs mains acérées, ils assassinent les parents de la petite fille, cachée dans un placard, mais qui a assisté à toute la scène. Elle se retrouve seule, sans famille… Quelques années plus tard, Eva est devenue une adolescente, une vagabonde accompagnée de son chien. Elle trouve refuge dans les maisons des personnes fortunées, parties le temps d’un week-end. Elle en profite souvent pour dérober quelques petites choses, pour les revendre et se faire quelques sous. Un jour, alors qu’elle rentre dans une maison en solitaire, elle tombe sur un livre à la couverture étrange. Intriguée, elle se lance dans sa lecture et n’arrive pas à décrocher : en une nuit, elle a lu tout le roman. Au matin, évanouie de fatigue, elle est réveillée par la voix d’un robot. Il est l’assistant de la maison, il ne lui veut aucun mal. Il l’a vu dévorer ce livre, qui est le sien, et il souhaite lui offrir. Eva est saisie et elle précise que ce livre l’a passionnée ! Le robot lui annonce alors une nouvelle choc : il n’a pas été écrit par un humain, mais par une machine, un robot. Cela ne surprend pas l’adolescente. Pourtant, ce n’est pas l’avis général. Tous les exemplaires de ce livre sont recherchés, car une telle création serait contre-nature. Les pilleurs de ce livre veulent tous les détruire, et ils sont prêts à tuer pour parvenir à leurs fins.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’excellent duo BéKa – Munuera propose un second tome des Cœurs de ferraille. Le premier volume introduisait l’univers avec une intrigue solide, celui-ci nous emmène dans un Etat du Sud des Etats-Unis, où se côtoient humains et robots dans les plantations. Cette fois, une nouvelle intrigue et de nouveaux personnages sont présentés. Le graphisme est le même, avec un effet « tamponné » sur la colorisation par Sedyas, qui nous immerge dans cette période rétro-futuriste. On notera que les planches des souvenirs de l’enfance d’Eva sont en noir et blanc intense ; on ne peut d’ailleurs pas choisir si l’on préfère le noir et blanc ou la couleur, tellement les deux sont réussis, et adaptés à la narration. Côté scénario, justement, celui-là est ancré dans des questionnements profondément d’actualité. A l’heure de Midjourney et de ChatGPT, l’intelligence artificielle et la création par des machines interpelle, suscite le débat. Pouvons-nous considérer la création d’une machine comme étant de l’art ? Cette création a-t-elle autant de valeur que la création humaine ? Quelle est la place du pouvoir des livres et des mots de nos jours ? Les auteurs s’interrogent sur ces possibles, leurs dérives, et ils confrontent les points de vue. Visuellement, la violence est plus présente que dans le premier tome, avec notamment des meurtres (d’humains et de robots). Si le précédent opus pouvait s’adresser à la jeunesse, celui-ci convoque plus volontiers la tranche adolescente. L'histoire fine, bien écrite, relance des débats sur des sujets d’actualité, le tout dans une ambiance rétro-futuriste très réussie.