L'histoire :
Jean-Paul est designer de jouets sur bois au sein de la petite entreprise familiale créée par feu son père. Aujourd’hui, Jouébois est sur le point de fêter son 40e anniversaire. La mère de Jean-Paul, une femme gentille mais un peu envahissante, tient à ce que l’évènement fasse honneur à la mémoire de son époux. Cependant, Jean-Paul n’est pas vraiment préoccupé par les préparatifs. Ce climat lui pèse sur les épaules. Il se sent comme renfermé dans sa profession, n’est pas enthousiasmé par ce match de foot commémoratif et surtout… il vit très mal son célibat. Il le sait, la belle blonde qu’il croise quotidiennement en jogging demeurera toujours un fantasme. Jean-Paul est tellement mal dans sa peau que le jour J, lorsque sa mère vient le chercher pour le début des festivités, il a disparu. Et pour cause : à ce moment précis, il embarque pour une croisière spéciale célibataires : les « cœurs solitaires ». Le grand air, de nouveau visages, une nouvelle vie, tout semble réuni pour lui redonner le sourire. Dès les premières heures passées à bord, il s’aperçoit pourtant du pathétique de la situation. Sa grise mine n’incite pas aux rencontres, quand bien même elle s’avèreraient artificielles. Jean-Paul est si paumé, qu’il se met à draguer la seule femme qu’il a abordée : la gentille organisatrice…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première fois sans son partenaire David Chauvel (Ring Circus et Shaolin Moussaka), Cyril Pedrosa se lance dans un album en solo, qui plus est sur un sujet contemporain et sérieux : le mal-être. Dans ce one-shot, Pedrosa parvient néanmoins à parler de cet état d’esprit difficile à cerner, en préférant l’humour subtil au pathos. Jean-Paul est un peu aux Cœurs solitaires ce que Jean-Claude Duss est aux Bronzés : un célibataire obsédé par l’idée du couple, mais emporté dans une spirale de looser. Le « pétage » de plomb subit est sans doute la meilleure manière pour lui de s’en sortir. A travers ce scénario, Pedrosa brosse une succession de portraits jubilatoires, surtout lorsqu’il s’agit de moquer les théoriciens du bonheur. Il y a le prof de gym superficiel, la rencontre alcoolisée qui tourne court, la beauté inaccessible et pourtant nympho… C’est parfois touchant (l’ancienne militaire ou le lendemain du trip), souvent amusant (le jeu de piste ou le séminaire sur la dynamique des ressources humaines), mais toujours d’une grande justesse et particulièrement touchant. Côté graphisme, on connaissait déjà la superbe ligne graphique de Pedrosa, malicieuse et énergique, toute en rondeurs. On le découvre à présent inventif aussi bien dans la mise en scène que dans les dialogues. Une belle surprise en guise de premier essai, en 54 planches !