L'histoire :
Descendante directe des sorcières de Salem, Alexia la nouvelle exorciste était déjà controversée au CRPS (centre de recherche des phénomènes surnaturels). L’ancien directeur est sorti du coma dans lequel il était plongé depuis un terrible accident paranormal, il y a plus de 15 ans. En reprenant son fauteuil, il reprend les rennes de l’institution, serre les boulons et accuse la jeune Alexia d’être responsable de l’accident de 1985... alors qu’elle n’était même pas née ! Evincée du CRPS, elle ne sait où aller. Elle imagine que la solution viendra d’une exploration de Yorthopia, le territoire mythique et parallèle contenant l’ensemble des connaissances occultes. D’une telle expédition, Alexia espère apprendre beaucoup d’elle-même, notamment savoir enfin si elle est plutôt sorcière ou exorciste. En attendant, elle profite de ses accointances avec quelques membres du CRPS pour se voir confier en douce une mission en Norvège. Là-bas, l’éboulement d’une falaise surplombant un cimetière a permis de constater que la totalité des gens enterrés après 1972 se sont réveillés dans leurs cercueils…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme à chaque épisode des Démons d’Alexia, Ers et Dugommier livrent d’un côté une enquête paranormale (ici l’activité post-mortem dans un cimetière norvégien) et de l’autre, ils font évoluer leur héroïne dans sa quête d’elle-même et autour du lien qui l’unit au CRPS. Paradoxalement, en accordant à Alexia le droit de visiter enfin le pays imaginaire de Yorthopia, véritable base de données de l’occultisme (elle ne rêve que de ça depuis le début), les auteurs livrent l’album le moins convaincant de la série. Le dessin de Ers, fidèle à sa ligne graphique, n’est pas en cause. Ce sont surtout les évènements que traversent Alexia qui tapent dans le grandguignolesque et les aspects ésotériques les plus nébuleux (interventions à distance et recouvrement d’identités à gogo…). D’un côté, son enquête en Norvège se boucle relativement facilement. De l’autre, en dévoilant enfin le relief de Yorthopia, le territoire imaginaire perd aussi tout son caractère inquiétant. N’aurait-il pas mieux valu que ce dernier demeure inaccessible aux yeux des lecteurs, pour conserver sa part d’épouvante ? En outre, le peu que l’on voit de ce monde dantesque louche vaguement du côté des univers heroïc-fantaisiste standards. La suite rattrapera peut-être le coup, alors qu’Alexia part explorer Yorthopia comme on part en pique-nique, avec ses pompes de rando et son sac à dos…
