L'histoire :
L’histoire commence comme dans un rêve. Edmond Baudoin, héros et narrateur, déambule entre les portes d’un couloir sombre. Mais quelle issue choisir ? Finalement, un escalier perché au milieu de nulle part l’emmène plus bas vers un édifice qu’il reconnaît rapidement. Cet escalier offrait des marches de bois, espacées comme des transverses de vois ferrées, il le menait, lui le voyageur, jusqu’à une gare. Assise sur la base dénudée d’un wagon de marchandise, une inconnue attend un train. Il semble à l’homme revivre une scène déjà vécue. Il existe des personnes avec qui, sans explication apparente, la connexion est immédiate, évidente. En cet étrange lieu, ils décident pour passer le temps de se raconter leur périple. Avant de partir vers un ailleurs indéfini, Baudoin se souvient des hivers au Québec semblables à une longue guerre, à la paix du printemps qui annonçait comme une renaissance. Au cœur de la Belle Province où il vécut un temps, il y avait des amis et bien sûr un amour, Laurence, un nouvel amour perpétuellement renouvelé, sinon on meurt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On n’en comprend le titre qu’à la fin. Les essuie-glaces peut se lire comme le 3e volet d’un triptyque (commencé avec Les yeux dans le mur ou Le chant des baleines) ou s’apprécier en soi, poétique et rêveur. Est-ce pour autant la fin d’une quête ? Auquel cas, l’auteur répugne visiblement à y mettre un terme, préférant ouvrir vers un ailleurs incertain… En attente d’un train, le voyageur se rassemble le temps d’une escale. Professeur durant 3 ans à l’université d’Ottawa, Baudoin se remémore son périple amoureux à travers la Belle Province. Tout cynisme est absent pour préférer un ton résolument optimiste et aventureux. Les différentes planches peintes à l’aide de multiples touches claires témoignent d’un bonheur vécu, le sentiment d’un bien-être partagé. Et peut-être est-ce là que le bas blesse. La narration en voix « off » (parfois double) présente une dimension souvent si personnelle que le lecteur s’en ressent extérieur. Il apprécie la singularité, la beauté d’un récit évanescent (comme suspendu, hors du temps) collant parfaitement à la ligne éditoriale d’une collection prénommée « Air(e) libre ». Cependant l’échappée providentielle ne sera pas comprise de tous. Adulte, Les essuie-glaces offre une métaphore de la vie conçue comme un voyage improbable, une succession de rencontres et d’amitiés, d’instants privilégiés. Car des essuie-glaces sont aussi très utiles lorsque, malgré la pluie, l’automobiliste souhaite continuer à y voir clair et progresser en espérant l’éclaircie. On n’en comprend le titre qu’à la fin : ayez la curiosité d’aller au bout…