L'histoire :
Lorsque Charles Chaplin naît dans le sud de Londres, ses parents sont tous les deux des artistes qui se produisent sur les scènes locales. Mais le couple ne tiendra pas. Son père alcoolique va quitter le foyer, laissant sa mère seule avec deux enfants. Lorsqu'elle est à nouveau quittée par un homme, et qu'elle perd sa voix de chanteuse, elle se retrouve sans argent, vivant de petits travaux de couture sans pouvoir s'acheter sa propre machine. Le gamin a des talents de comédien qui vont finir par se remarquer lors d'une séance de théâtre à l'école. C'est le début de petits engagements qui vont amener le jeune gamin pauvre de Londres à un premier voyage vers les Etats-Unis. Agé de 21 ans, il va découvrir l'énergie folle de l'industrie du cinéma de l'époque, la capacité à tourner plusieurs films à la fois, pour satisfaire la soif du public. Il va être de plus en plus demandé et tentera à chaque fois de gagner plus d'argent, pour finalement rêver de travailler de manière indépendante. Un grande carrière commence, qui va le voir croiser de nombreuses femmes pas toujours réellement amoureuses. Et faire face à l'arrivée du cinéma parlant...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette biographie toute linéaire qui débute dans la petite enfance de Chaplin, on n'échappe pas au risque d'un exercice qui cherche à être complet avant tout. Bernard Swysen fait un choix certes sérieux, mais qui a pour conséquence très directe de ne pas du tout tenir le lecteur en haleine, ni de surprendre. L'histoire personnelle de Charlie Chaplin est tout à fait édifiante, qui voit le comédien naître sur les bancs de l'école, jusqu'à une consécration mondiale finalement tardive. La pauvreté de sa famille d'origine donne envie naturellement de s'apitoyer sur le sort de Chaplin, et accorde un contexte assez direct à ses films étonnamment sociaux pour l'époque. Le passage du Maccarthysme, cette période où les autorités américaines chassaient le moindre soupçon de sympathie communiste dans toute l'industrie du cinéma, est mis en avant, et se révèle très instructif. Bruno Bazile anime la silhouette familière sans trop en faire, et n'abuse pas des images célèbres redessinées. Il donne sa propre dynamique à cette vie étonnante, dans un style semi-réaliste traditionnel et maîtrisé. On apprend beaucoup de choses sur les premières années de travail acharné, puis sur l'indépendance artistique que l'homme a su construire. Et sur ses difficultés à construire une relation qui dure, avec de nombreuses femmes. Mais avec des dialogues utilitaires et parfois un peu simples, et sans angle de vue décisif, on ne parvient pas à toucher la personnalité du grand cinéaste. On referme néanmoins le livre avec des images cultes qui restent en mémoire, grâce également à une postface très utile.