L'histoire :
En 1930 en Caroline du Nord, le monde rural américain est ravagé par « la grande dépression ». Couvert de dettes, Henry Cry est contraint de vendre son lopin de terre pour une bouchée de pain. Avec l’argent, il compte refaire sa vie sur la côte ouest, en compagnie de sa petite famille, où « il paraît » que la terre est plus riche et moins chère... Sa femme et ses enfants, parmi lesquels les deux plus vieux Billy et Milton, s’ajoutent alors à la caravane qui s’apprête justement à entamer le long exil. Billy, qui a été témoin sept ans plus tôt d’un meurtre, intériorise une haine vengeresse. Car pour s’assurer de son silence, Baker, le meurtrier, lui avait à l’époque broyé la main. Depuis, Billy insuffle son désir de vengeance à son frère Milton, un colosse simplet et débonnaire. Quotidiennement attisé par son frère, Milton rêve la nuit de laver la dignité de sa famille. Curieusement, la nuit précédant le grand départ, Baker disparaît et demeure introuvable le lendemain. Un de ses créanciers, un canadien, est alors suspecté par la petite communauté d’être responsable de sa disparition…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Inscrit sous le label de prestige Aire libre de Dupuis, le premier volet de ce diptyque ne fait pas défaut à la collection. Sylvain Ricard et Frédéric Féjard orchestrent ici une tragédie rurale poignante, d’un réalisme saisissant. Leur récit prend la misère rurale américaine pour cadre et déroule une flopée de personnages meurtris, haineux ou humainement hideux… S’ils s’opposent en tout, les deux frères se complètent néanmoins parfaitement. L’un est haineux mais impuissant, l’autre est une force de la nature, mais d’une douce béatitude. Au delà de la chronique sociale, une intrigue policière se détache : Milton rêve t-il qu’il tue ou accomplit-il réellement ces crimes ? A l’issue de ce premier épisode, le duo de scénaristes entretient habilement le doute… Graphiquement, le dessin de Maël (Tamino) est torturé mais prouve une grande maîtrise visuelle. Ses cadrages impeccables, sa colorisation mesurée et ses traits aussi tourmentés que les personnages, contribuent à faire de cette série un nouveau petit bijou du 9e art…
