L'histoire :
Les tuniques bleues constatent le bilan effroyable de la dernière charge de cavalerie dirigée par le capitaine Stark. Le champ de bataille est une nouvelle fois jonché de cadavres et de blessés qui agonisent, les brancardiers sont débordés. Deux soldats ne font cependant pas partie de ces corps meurtris. D'un côté, Blutch s’est évidemment organisé pour que son cheval défaille au moment de l’assaut. De l'autre, Chesterfield en est revenu physiquement indemne, mais psychiquement sonné. Gravement sonné. Tellement sonné, qu’il est une courgette en fauteuil roulant, muet, apathique, le regard glauque et inerte. Le médecin explique à Blutch qu’il a sans doute été secoué par un obus tombé à proximité immédiate. Le toubib ignore s’il récupèrera sa personnalité et son dynamisme. Seul un second traumatisme éprouvant pourrait le faire revenir à lui. Ou peut-être une situation vécue du passé ? Or étant donné que les médecins ont largement autre chose à faire que de s’occuper d’une courgette en fauteuil, les officiers de la compagnie acceptent que Blutch s’en occupe lui-même. Ils lui accordent exactement un mois, 30 jours, pas un de plus, pour ce faire. Passé ce délai, ils rendront Chesterfield à la vie civile. Une aberration pour Blutch qui, lui, multiplie depuis des années les tentatives pour y parvenir. Le caporal s’emploie donc dès lors à tester consciencieusement différentes pistes pour sortir Chesterfield de sa torpeur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ils ont signé pour être toujours au front, jusqu'à la mort… et depuis 1972, ils honorent imperceptiblement leurs engagements. Bravo messieurs Raoul Cauvin et Willy Lambil, qui rempilent pour un 60ème tome d’une des séries les plus longues et régulières du 9ème art. Les papis de la bande dessinée ont toujours l’œil qui pétille, le crayon qui vibre et la moustache fringante. Alors certes, cette 60ème aventure n’est pas des plus originales. Elle aurait même un petit arrière-goût d’« épisode nostalgie », ponctué de courts clins d’œil en flashbacks, comme le font parfois les séries télé américaines. Notre soldatesque duo de héros se livre en effet à un tourist-tour de quelques-unes de leurs précédentes aventures et rencontres, afin d’instiller une étincelle de souvenir dans l’électro-encéphalogramme morne de Chesterfied, revenu sonné du front. Ils s’y emploient comme deux acteurs qui cabotinent en revisitant pour la énième fois leur répertoire, mais qui le font parce que c’est très exactement ce que demande leur public. Les engueulades cultes virent donc cette fois au soliloque de Blutch, mais toujours pétri de mauvaise foi. Les dialogues demeurent ainsi pittoresques et bon-enfant, le coup de crayon est en pilotage automatique… Donc rien de neuf chez les Tuniques… à part que c’est la 60ème. La 60ème !!! Respects.