L'histoire :
1861, sur le front de la guerre de sécession. Le sergent Chesterfield revient à lui sous la tente de l’infirmerie, après une charge d’infanterie qui l’a laissé légèrement blessé. Immédiatement, ses pensées se tournent vers le caporal Blutch, son partenaire, son ami… Mais ce n’est pas précisément pour s’enquérir de sa santé. Il redoute en effet, que ce lâche-là n’ait profité de son coltard pour déserter. Une rapide enquête « de quartiers » conduit Chesterfield sur le site de recrutement dans l’unité d’élite. Blutch se trouve dans la file d’attente, en effet. Il postule pour changer de couleur d’uniforme – les tireurs d’élite ne sont pas en bleu, mais en vert. Surtout, puisqu’il est obligé de continuer à participer à cette boucherie guerrière, il compte désormais se tenir loin des baïonnettes ennemies. Or il s’avère que ses tests de tir sont très concluants car lorsqu’il était jeune, il s’est beaucoup entrainé à la chasse à la bécassine. Voilà Blutch embauché illico au sein des tireurs d’élite, au grand dam de Chesterfield qui n’a pas de mot pour qualifier sa lâcheté. C’est obscène de tuer des gens sans se mettre en danger…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme ils le font désormais régulièrement avec Spirou et Fantasio, les éditions Dupuis livrent une nouvelle fois les codes et les personnages d’une de leur série à la créativité d’autres auteurs chevronnés que ceux qui en ont la charge régulière. Appliqué aux Tuniques bleues, pour fêter le 60ème épisode, l’exercice s’avère particulièrement jouissif. D’autant que c’est la première fois que les fans peuvent s’en délecter, en près de 50 ans d’existence ! Tantôt en duo (Gloris & Bodart, Sti & Goulet, Lapière & Pau, Lapuss’ & Baba, Chamblain & Frasier, Zidrou et Maltaite), tantôt en tant qu’auteurs complets (Jose-Luis Munuera, Renaud Collin, Olivier Dutto, Aimée de Jongh, Olivier Schwartz, Clarke), tous les participants s’en sortent globalement très bien à travers les 13 historiettes recueillies. La variation des styles graphiques, tantôt plus humoristiques, tantôt plus réalistes que la série-mère, est appréciable et permet souvent un autre point de vue sur les destinées des deux héros. Toutes les séquences font honneur aux célèbres engueulades du célèbre couple Chesterfield-Blutch. Les premiers les plongent en première ligne d’aventures originales ; les autres se rapprochent de l’hommage, en convoquant des situations ou des seconds couteaux. On note enfin que l’auteur Blutch, qui s’est jadis ainsi « pseudonymé » en raison de sa ressemblance supposée avec le célèbre caporal, boucle la boucle en signant à la fois la couverture et la dernière planche. Un recueil d’histoire courte convaincant, totalement indispensable aux fans de cette série culte du 9ème art.
