L'histoire :
Déposé par son père, Roméo vient passer quelques jours chez son grand-père Ottavio, à Charleroi. Il n'est pas très ravi. Pour le jeune garçon, son grand-père est un vieux chiant qui pue ! En plus, il n'y a pas la télé. Le temps va être long. Roméo se demande comment il va pouvoir tenir. Le lendemain, Ottavio invite son petit-fils à venir découvrir son jardin, où vit un cochon prénommé Mussolini. Le jeune garçon n’est pas très emballé à l’idée de faire du jardinage : il faut retourner la terre pour faire des semis, une activité bien trop éloignée de lui, l’enfant de la ville. Le vieil homme est fatigué et s’assied sur une chaise. Alors qu’Ottavio s’assoupit sur une chaise, Roméo fait la connaissance de Lucille, la petite voisine, qui ne manque pas de lui parler de son grand-père endormi. Elle lui apprend qu’il est atteint de silicose, la maladie des anciens mineurs qui encrasse les poumons. Elle l’emmène au musée de la ville qui retrace la vie de ces hommes qui s'engouffraient dans les mines pour extraire le charbon. A son retour, Roméo essaie d’en savoir plus sur son grand-père, peu loquace. Pourquoi son pouce est coupé ? Mais Ottavio reste dans son mutisme et part se coucher…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Macaroni !, il n’est pas question de pâtes, mais bien de ces immigrés italiens venus en Europe à partir de la fin du XIXème siècle pour trouver du travail dans les bassins miniers du Nord de l’Europe (en Belgique, en l’occurrence). Ottavio est l’un d’eux. Pour bâtir son histoire, Vincent Zabus s’est inspiré de la vie rocambolesque du père d’Inès, une des ses amies, qui l’avait frappé. Un homme aigri qui avait le sentiment d’avoir raté une vie bousculée par les aléas de l’Histoire. Une histoire dont Zabus a tiré un scénario bien ficelé. Il se focalise sur les rapports entre le grand-père et le petit-fils, une relation froide qui se réchauffe crescendo. Chacun faisant un pas vers l’autre pour mieux le comprendre et faire sauter les préjugés. L’écriture de Zabus est efficace et ne tombe jamais dans le pathos. Il parle de quête d’identité, de non-dits familiaux et des regrets d’un homme au crépuscule de sa vie. Pour accompagner graphiquement ce récit, c’est l’auteur italien Thomas Campi qui est à la manœuvre (pour la petite histoire, le scénario devait initialement être adapté par Renaud Collin, le dessinateur du Monde selon François). Son trait délicat donne une véritable âme à la narration. Il donne vie aux fantômes du passé qui hante la vie d’Ottavio (les mineurs, Giulia, sa femme décédée) avec un effet stylistique remarquable. Tant et si bien, qu’on se laisse porter par la vie de cet homme qui transmet à son petit-fils ses racines enfouies. Un bel album (qui aurait sa place dans la collection Aire Libre) préfacé par le chanteur italo-belge Salvatore Adamo dont la famille a connu une destinée similaire à celle d'Ottavio...