L'histoire :
Pas des plus inhabituels pour une londonienne, mais il pleut. Une pluie qui accompagne le martellement vif des pas de Maggy Garrisson enjouée à l’idée de franchir la porte de son nouvel employeur. Deux ans qu’elle n’avait plus de boulot. Alors ce poste dégotté au coup de pot chez un détective privé a tout du joli cadeau. Qui plus est, quand Noël pointe son nez dans 3 petits jours seulement. En attendant, lorsque Maggy franchit la porte, le sourire aimable prêt à faire feu, elle a comme une soudaine appréhension : Anthony Wight, son boss, dort lourdement, affalé sur son bureau, une bouteille de pur malt bien entamée pour le bercer. Aussi, pendant qu’il sombre, elle prend des initiatives. Elle répond au téléphone pour prendre un message de menaces doublé d’insultes grossières. Puis elle ouvre la porte à une vieille qui veut savoir si Wight a résolu le mystère pour lequel 70 livres de récompense sont prévues. Le patron en profite pour se réveiller et révèle à Maggy que l’objet de la récompense est de retrouver un vulgaire canari qu’un chat a probablement mit au chaud dans son gosier. Ensuite, n’ayant aucune affaire sur le feu, il donne déjà congé à sa nouvelle recrue. Elle en profite pour faire un petit tour dans l’immeuble, histoire de voir ce qui a pu advenir de ce gentil canari. 70 livres c’est toujours bon à prendre. Et puis Maggy a une idée. D’ailleurs Maggy Garrisson a toujours des idées… qui se monnayent souvent en sac d’emmerdements.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un brin boulotte, un chouya paumée avec option lose et paquet d’emmerdements. Carrément célibataire, sans boulot et goutant les joies d’une météo pourrie… Il faudra plus qu’une injonction de son diablotin de scénariste pour faire sourire Maggy Garrisson, personnage central de ce nouveau polar calibré pour nous mettre le grappin dessus en 46 planches chrono. Et pourtant, il faut croire que ces jolis yeux verts, ce désespoir touchant, cette propension à s’enfiler des bières et des clopes comme du bon lait, cet incroyable bagout, cette malice et cette naïve humanité, lui permettront d’en esquisser un. Et ce, même s’il lui faudra attendre jusqu’à l’avant-dernière case pour qu’il lui fasse bien chaud. En attendant, elle se sera essayée à assister un privé du genre alcoolo-mollasson (deux mois qu’elle avait plus de boulot), mis la main sur un canari disparu et une balle de cricket volée. Surtout, elle aura mis les doigts dans le cambouis d’une histoire de coupons (?) dérobés, pour lesquelles son patron s’était fait sérieusement dérouiller… Au bout du compte, ce premier volet ne s’assoit pas sur l’épaisseur de son intrigue policière (pour autant parfaitement bouclée), mais plutôt sur la savoureuse composition de ce bout de femme attachant. Accompagnée d’un casting de seconds rôles parfaits, un univers british ciselé pour lui faire contrepoids et d’un jeu de dialogues aux petits oignons (du grand Lewis Trondheim), elle a tout pour tracer le sillon d’une incontournable série. Ce premier volet met en tous cas parfaitement en place cette ambition également servie par un dessin (décliné au moyen d’un judicieux « gaufrier ») qui colle comme une seconde peau à Maggy : pas l’élégance au premier coup d’œil, mais une force émotionnelle et un charme d’une évidente efficacité.