L'histoire :
Pas facile, pour Maggy, de savoir dans quelle mesure elle s'est faite mener en bateau par tous ceux qu'elle a rencontrés à Londres en quelques mois. Son patron détective privé ressemble à une épave, mais la vire parce qu'elle lui a volé des cigarettes. Sa copine Sheena semble l'avoir impliquée à son insu dans une enquête policière louche. Ou son ténébreux petit ami cache une bonne partie de ses activités troubles de petite frappe. En tout cas, les 15000 £ qu'elle a empochés suite à son échappée à Brighton pourraient lever une partie de ses soupçons. Elle décide donc de les planquer et d'attendre un peu. Le rendez-vous du soir avec Alex au pub est précédé d'une rencontre imprévue, lorsque le barman lui présente un client qui soupçonne sa sœur d'avoir pillé l'appartement de leur propre mère le jour de son décès. Il a besoin d'une enquête discrète, que Maggy accepte de mener, moyennant une avance de 100£, non remboursable. Les affaires sont les affaires. Mais lorsqu'elle essaie de pénétrer par effraction chez la sœur en question, elle fait chou blanc. Et se trouve dans l'obligation de demander un coup de main à Alex...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce deuxième épisode, les enquêtes de Maggy Garrisson confirment la qualité du travail de création de Lewis Trondheim. Le prolifique auteur parvient à construire un personnage attachant sur tout un tas de traits de caractère pas forcément remarquables. Maggy est banale mais elle vit des situations compliquées et drôles. Elle réagit de manière cynique ou immorale, mais avec légèreté, aux événements qu'elle traverse. Sur bien des points, elle est aux antipodes du personnage récurrent qu'on imaginait jadis publié dans Spirou Magazine. C'est pourtant là que Trondheim pré-publie ses aventures modernes et pas très morales. Le scénariste a trouvé une sorte de partenaire idéal en la personne de Stéphane Oiry, dessinateur au trait marqué, qui donne une touche presque underground à l'héroïne. Maggy est très crédible dans ses soirées au pub, les deux coudes appuyés sur une table, toute de désinvolture avec son look soigneusement indéterminé. Le ton général de la série s'affirme et son originalité se confirme. Cette pseudo détective privée amatrice de bières et de plans bricolés est unique dans le paysage BD grand-public. Une jeune femme pas très jolie mais culottée, moderne et sans tabous, dans des aventures faussement déstructurées et finement dialoguées. Pas la moindre once d'amateurisme dans ces pages aux cases soigneusement rangées, dont le séquencement impeccable fait immédiatement oublier la fausse austérité. Maggy Garrisson est une des séries les plus surprenantes du moment.