L'histoire :
Années 80. Pour Marzi, jeune polonaise de 7 ans, le monde des adultes est bien difficile à comprendre, d’autant plus que l’on ne lui explique pas grand-chose. Tant pis pour eux : entre deux parties de sonnettes et le blocage de l’ascenseur à chaque étage de l’immeuble où ils vivent, Marzi et sa copine Monika sont bien décidées à réinventer leur monde. En jouant au Pape l’autre jour (descente de l’avion dans l’ascenseur, acclamation de la foule devant le local à poubelles, messe dans la salle de bain, baptême de la petite sœur de Monika dans la baignoire…), ils ont découvert que l’on pouvait chanter dans le vide-ordures. Aussi, dès qu’un locataire a la mauvaise idée de venir vider ses poubelles, des voies hurlent des menaces de poursuites en enfer. Enfin, bon, il va peut être falloir arrêter toutes ces bêtises qui ne font que s’ajouter à la longue liste des péchés qu’il faut apprendre par cœur et confesser au prêtre avant la première communion. Dieu pardonnera t-il jusque 20 péchés ? (c’est beaucoup ?) Il paraît que si on regrette de tout son cœur et que l’on promet de ne jamais en refaire, c’est gagné… Mais si les parties de sonnettes sont désormais proscrites, que vont-elles faire maintenant ? L’envie d’en oublier quelques uns est grand…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce recueil est une nouvelle édition intégrale de Marzi, qui paraît depuis 2004 dans le journal de Spirou (puis en albums dans la collection Expresso). Les planches bénéficient d’un remontage en 4 cases par planches (au lieu de 6) avec des dessins inédits ajoutés et d’une re-colorisation en bichromie grise et rouge, un rendu tout à fait stupéfiant et approprié au contexte. Intégralement racontée sous forme de voix off, cette œuvre narre la vie quotidienne de la scénariste Marzena Sowa, lorsqu’elle avait sept ans. Et c’est à travers les yeux de cette petite fille que l’on découvre la vie particulière en Pologne dans les années 80. L’austérité, la dure vie que l’on pouvait y mener, les files d’attentes, le climat politique tendu… rien n’est omis. C’est pourtant la fraîcheur de l’enfance et la chaleur d’un peuple, qui ressortent de ce témoignage tendre et captivant. Le ton employé, comparable à celui de Goscinny dans le Petit Nicolas, y est pour beaucoup. Le dessin simple et direct de Sylvain Savoia souligne remarquablement le texte. Le tout présente une synergie remarquable, tant il paraît difficile que l’un existe sans l’autre. En découle une analyse malicieuse de la vie par une petite fille, qui sonne très juste. De plus, l’humour subtil de ces pages permet de s’instruire agréablement sur ce monde qui nous est, pour la plupart, inconnu.