L'histoire :
Dans la Pologne des années 80, Marzi, nous relate, avec son regard de petite fille, des évènements politiques majeurs qu’elle ne comprendra que plus tard. Car depuis quelques temps, il règne dans l’air une drôle d’ambiance. Les gens se parlent beaucoup avec des mots tels que syndicat, grève, Solidarnosc, URSS, Walesa… Les parents de Marzi la prennent encore pour une petite fille et ne lui expliquent rien, comme pour la préserver des conséquences potentiellement graves de la mutation sociale en cours. Heureusement, il y a les maîtresses, à l’école, qui leur font un topo clair de la situation : les polonais veulent s’affranchir de l’influence de l’URSS, afin de retrouver leur dignité et un minimum des bienfaits de la société de consommation. Pour cela, Solidarnosc, un mouvement illégal mais puissant dirigé par Lech Walesa, s’est mis à s’organiser dans toutes les usines, avec des grèves à la clé. Marzi a très peur pour son papa qui participe activement au mouvement. Surtout en ces jours d’avril, consacrés d’ordinaire à son anniversaire : son papa ne rentre plus le soir. Elle lit dans les yeux de sa maman, que celle-ci est très inquiète. Mais impossible d’en apprendre la raison de sa bouche : Marzi est encore considérée comme une enfant. La fillette commence pourtant à s’informer par elle-même et elle s’imagine le pire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec la publication d’une intégrale des trois premiers tomes de Marzi (recolorisée pour l’occasion), on aurait pu croire que Marzena Sowa avait fait le tour de ses souvenirs d’enfance dans la Pologne d’avant la chute du mur. Parait pourtant aujourd’hui ce tome 4, situé dans la continuité des évènements Solidarnosc… et qui annonce déjà un futur et dernier tome 5. Car l’importance du tournant politique du pays méritait qu’on s’y attarde un peu. Ce qui n’empêche pas la petite Marzi de se préoccuper en parallèle de tout un tas d’autres considérations futiles ! Car la grande force de cette biographie BD est de parvenir à respecter le regard candide de la fillette qu’elle fut. Elle alterne ainsi le témoignage sur les évènements sociaux graves et prépondérants pour l’avenir de son pays et l’intégrité de ses citoyens, et d’autres beaucoup plus terre à terre comme le dégoût des œufs brouillés, le soap télévisé à la mode, ou les vacances dans les champs de fraises… La retranscription de ce regard infantile est toujours aussi pertinente et didactique sur la société polonaise de l’époque. Elle prend une nouvelle fois forme à travers le trait gai et rondouillet (pour l’occasion) de Sylvain Sawoïa, dessinateur doué et compagnon de Marzena/Marzi à la ville. La limpidité de ce style graphique s’accompagne en outre d’un habile choix de cadrages et d’illustrations, qui prémunit de toute lassitude (ex : l’épisode des œufs brouillé, tout en macro-plans, pour renforcer la dimension intime et tragique). A noter enfin, une seconde intégrale au format « roman graphique », est prévue pour fin 2009…