L'histoire :
Marzena Sowa, d’origine polonaise, se souvient de la vie sous le régime politique polonais dans les années 80, alors qu’elle était une petite fille surnommée Marzi. Elle a eu très peur, le jour où son papa a été atteint par un mauvais virus en raison d’une banale prise de sang et d’une seringue contaminée. Le dédommagement s’était alors limité à un séjour de deux semaines dans un sanatorium à la montagne. Durant ce temps, Marzi était restée avec sa maman, attendant avec une énorme impatience le retour de son papa bien aimé. Elle se souvient des files d’attente infernales pour acheter de la viande ou même de l‘essence (quand il en restait). Le régime politique avait alors mis en place un système de tickets d’approvisionnements que les salariés recevaient avec leur paye. Elle se remémore aussi ses préoccupation de petite fille, centrées autour de ses cours de danse, son chien, sa poupée en chiffon et ses copines, Monika la turbulente et Gosia la trop sage. A cette époque, Tchenobyl a déjà explosé ; on se demande si la cueillette des champignons est judicieuse. Les premiers signes avant-coureurs de la révolution sociale commencent à poindre. On éteint la télé et les lumières… On se met à critiquer ouvertement le système… La révolution est en marche.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La BD-témoignage de Marzena Sowa se poursuit au même rythme et sur le même ton que lors des deux précédents volets. A nouveau, Marzi livre ses souvenirs d’enfance, entremêlant les préoccupations purement juvéniles (la poupée, le chien, les cours de danse, la constipation…) et les purs témoignages sociaux. Ces derniers sont candides et innocents, car livrés à travers le filtre de ses yeux d’enfants. Vu d’ici, en rapport avec notre société de marché actuelle, le quotidien de ces polonais paraît totalement aberrant : il fallait parfois faire la queue pendant des heures, voire des jours, pour espérer accéder à des denrées très courantes. Et impossible de se rebeller sans mettre en danger la famille ou les amis. Même si depuis lors, les reportages et nos cours d’Histoire nous ont appris qu’il valait effectivement mieux naître dans un autre pays à cette époque, Marzi est là pour témoigner de la pénibilité de cette vie de fous. C’est très habile : le ton est juste, ni bêtifiant, ni pontifiant, ni moralisateur. Intégralement narrée en voix off, la BD se rapproche donc encore une fois du témoignage illustré. Le découpage est régulier, 6 cases par planche, chaque case étant la plupart du temps encadrée de deux commentaires très didactiques et (a priori) d’une grande justesse. Sylvain Savoia sait y faire : son dessin est simple et précis, d’une lisibilité extrême. Au terme de ce troisième volet, la révolution a eu lieu. Rezystor est le nom du composant électronique (une résistance) que les ouvriers s’accrochaient au revers de leurs vestes pour signifier leur opposition à la dictature socialiste. Marzena poursuivra-t-elle ses souvenirs jusqu’à l’ouverture à l’ouest dans un quatrième volet ?