L'histoire :
Pendant onze jours et onze nuits, l’usine du père de Marzi est en grève. Durant cette période, les ouvriers ne rentrent pas chez eux, ils occupent l’usine. Marzi et sa mère restent seules à la maison. Alors que la rentrée scolaire approche, les journées de Marzi sont rythmées par les allers-retours à l’usine pour voir son père et par les réflexions de la petite fille sur la situation. Quel est ce pays où on n’a pas le droit de dire non ? Où il faut se battre pour grailler un peu de liberté ? Et son père, pourquoi l’a-t-il abandonnée ? Malgré des coups de pression de l’armée, les ouvriers sortent en héros de l’usine car Wales a reçu l’autorisation de négocier lors d’une grande table ronde qui va bousculer l’ordre établi. L’église a été très présente auprès des travailleurs, et elle l’est aussi dans la vie quotidienne, même si parfois cela se traduit par une grande crédulité. La mère et la tante de Marzi font des kilomètres à vélo pour aller voir le visage de la vierge qui s’est imprimé sur la fenêtre d’une ferme. C’est finalement toute la famille qui y retourne, pour s’extasier devant une fenêtre sale, au grand étonnement de Marzi et à l’agacement de son père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La période 1989 à 1992 a produit un chamboulement extraordinaire de l’organisation politique de l’Europe. Ça commence par la chute du mur de Berlin, qui entraîne la libération de nombreux pays communistes, dans le sang comme en Roumanie, ou dans l’effervescence politique comme en Pologne, où le syndicat Solidarnosc de Lech Walesa remporte des élections qui verront le général Jaruzelski disparaître du paysage politique avec un titre honorifique de président, alors que le premier ministre ne sera pas communiste. L’album s’écrit par courtes chroniques de quelques pages, parfois politiques, le plus souvent sociales ou intimes sur la vie de Marzi. Le ton de Marlena Sowa, direct, sans fard, crée une connivence avec le lecteur qui éprouvera une grande tendresse pour l’héroïne, à moins qu’il n’ait un cœur de pierre. On y apprend le partage de chewing-gums et l’importance d’une Barbie. On y voit évoluer une jeune fille entre organisation collectiviste et moments de grâce à la campagne. Marzi grandit, ses pieds sortent de ses chaussures, les magasins sont vides, mais elle apprend les relations, se pose des questions sur la vie… C’est pertinent, souvent touchant. Le trait de Sylvain Savoia évolue. Il gagne en précision, comme si le fait que Marzi grandisse donnait plus de chair à ses souvenirs, et tout en rondeurs. Ses couleurs, simples mais éclatantes, donnent une vie extraordinaire à l’histoire. Le format d’intégrale permet à l’éditeur Dupuis de proposer un certain nombre d’histoires complémentaires et inédites parfois à la fin de l’album.