L'histoire :
Un homme se réveille dans l’obscurité. Il est nu, il a froid, il est seul au milieu d’une immensité cosmique et high-tech. Qui est-il, d’où vient-il ? Il se souvient. Il est sorti de l’eau, il a erré quelque temps dans cet endroit hostile, fait de métal, de couloirs, de tuyaux, mais aussi d’une luxuriance végétale inquiétante. Quelques certitudes : il est totalement seul et dispose de connaissances scientifiques, notamment en matière de biologie. Puis il découvre une fresque. LA fresque. Peinte au plafond d’une salle gigantesque, celle-ci lui fait comprendre qu’il est à bord d’un vaisseau spatial aux dimensions démesurées. Il faudrait plusieurs vies pour explorer l’intégralité de ce « vaisseau monde » où cohabitaient autrefois de nombreuses espèces. Il comprend qu’il est le seul rescapé d’une extermination totale. Mais combien de temps s’est-il écoulé ? La taille des séquoias millénaires qui ont pris racine par endroit donne le vertige… Les semaines passent. Les mois, les années. Il s’organise, part en exploration, toujours plus loin, toujours seul. Peu à peu, il reconstitue les pièces du puzzle. Qui a peint cette fresque ? Doit-il remettre le vaisseau en marche ? Est-il un survivant ou un être créé par le vaisseau ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La « matière fantôme » est l’immensité infinie de l’espace, le vide absolu, sidéral et sidérant, qui sépare les poussières d’étoiles. Bien qu’appartenant à la science-fiction, ce premier volet aux multiples lectures se présente à la fois comme une introspection de l’être et une extrapolation de la destinée humaine. La narration de cet unique protagoniste, en permanence à la frontière de la folie, se fait bien entendu tout en voix-off. Sa solitude absolue l’amène à passer sa vie (la durée de ce premier tome !) en se posant sans cesse des tonnes de questions. Doit-il vivre ? A-t-il un rôle à jouer ? A-t-il été créé ou n’existe-t-il que par « accident » ? L’homme ressasse à plusieurs reprises « on ne connaît que 10% de l’univers », un peu à la manière dont nos neurologues disent aujourd’hui « on ne connaît que 10% des capacités du cerveau ». Ce vaisseau monde n’a t-il pas d’ailleurs la forme d’une cervelle humaine ? Le dessin de Stéphane Douay (Don Quichotte dans la manche) est simple, moderne et efficace, très lisible en dépit de l’obscurité régnant sur la plupart des planches (il a du en vider des flacons d’encre de chine !). Prévue pour couvrir trois histoires indépendantes (Beta en janvier 2007 et Gamma en janvier 2008), cette saga spatio-temporelle, à la fois cosmique et métaphysique, s’inscrit bien évidement dans la lignée de 2001 l’odyssée de l’espace. Un projet intéressant et ambitieux…
