L'histoire :
Dans un futur relativement éloigné, sur la terre/mère, les pluies acides rongent tout à la surface et la surpopulation est devenue un fléau incontrôlable. La solution des stations orbitales et des terra-formations de planètes proches (en cours), ont montré leurs limites, respectivement en matière d’amplitude et d’urgence. Il est grand temps pour l’humanité de réagir en voyant plus loin. Or, voilà justement que des messages venus d’une intelligence extraterrestre ont été interprétées par les scientifiques comme étant structurés en langage. La planète X a été localisée et étudiée : tellurique, elle est dotée d’une atmosphère humainement viable et couverte de végétation. Et qui dit végétation, dit eau et donc vie possible… Cet objectif providentiel est d’autant plus impératif, qu’une épidémie inconnue rendant les gens atones, commence à inquiéter les autorités. Quelques-uns soulignent alors qu’elle est mystérieusement apparue en même temps que les messages extraterrestres… Le projet Axiome est néanmoins proposé et soutenu par deux sommités scientifiques reconnues, les frères Olm. Il est voté et mis en branle très rapidement. Dan et Heyr Olm coordonnent alors la construction d’un vaisseau gigantesque, construit à l’aide d’un matériau révolutionnaire qui auto-régénère ses altérations. Logiquement, ils en prendront ensuite le commandement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Assurément, Matière fantôme est un triptyque de science-fiction comme on en voit peu, en dehors des sentiers battus. Après Alpha et Beta, voici Delta (ce sont trois types d’ondes émises par le cerveau)… quoique ce récit en trois chapitres distincts puisse se découvrir dans un ordre différent. Aucun protagoniste récurrent aux trois volumes, si ce n’est l’Univers avec un grand U, ce tout abstrait et impalpable qui nous compose et que nous composons, à une échelle humainement inconcevable. Ouch ! Et oui, dans cette conclusion comme dans les deux précédents volets, l’espace-temps tel que nous l’éprouvons est remis en question : l’absolu est votre quête, l’infini votre norme. S’appuyant sur cette belle ambition, Hugues Fléchard bâtit la narration de ce dernier opus tout d’abord de manière concrète : la thématique de la colonisation spatiale est un classique en matière de science-fiction. Pourtant, une fois sur leur exoplanète, les protagonistes sont confrontés à des faits irrationnels, qui ne trouvent d’échos qu’à travers le prisme de la métaphysique. A nouveau, l’ésotérisme supplante la science, l’hermétisme l’emporte sur la logique narrative. Si vous souhaitiez une explication finale limpide, c’est mal barré. Vu le sujet, il serait de toute manière prétentieux de vouloir comprendre… Les rapports de grandeurs sont par exemple bouleversés : la colonisation d’une planète par un convoi d’humains est ici comparée et réduite à la pollinisation d’une fleur par une abeille. A l’aide d’un trait réaliste, Stéphane Douay tire son épingle du jeu de cette partition narrative difficile. En conclusion, les auteurs offrent une approche intéressante de l’être, du néant et des limites d’intellectualisation en la matière, en une saga de SF pas si loin de 2001 l’Odyssée de l’espace ou Solaris, devant laquelle les esprits cartésiens resteront dubitatifs…