L'histoire :
Adrazelle la sorcière traverse un coin de campagne sur son balai volant, lorsqu’elle aperçoit des petites lueurs venant des abords d’un lac. Elle fait un crochet pour y découvrir sa nièce Mélusine, éplorée. Etudiante d’ordinaire brillante en sorcellerie, Mélusine vient de s’apercevoir qu’elle a perdu tous ses pouvoirs magiques. Ça fait deux heures qu’elle tente de produire une bête boule de feu… en vain. Adrazelle comprend tout de suite ce qui se trame : Mélusine a désormais 119 ans, elle grandit, c’est la puberté et les hormones qui perturbent son système magico-endocrinien. La tantine lui explique que l’éclosion de ses pouvoirs d’adulte passera nécessairement par la concrétisation d’une idylle. Oui, mais voilà, Mélusine n’a jamais pratiqué ce genre de chose et à vrai dire, elle y trouve quelques aspects un peu dégoutants… Or un second problème se profile : cette période de rentrée scolaire débute par un grand tournoi de magie et Mélusine est désignée par son école pour la représenter, étant donné qu’elle est la meilleure. Les rencontres inter-écoles sont certes une bonne opportunité pour rencontrer des garçons – cette année, participent notamment les Apollons de Bratislava ! Mais son inaptitude passagère à la magie lui pose évidemment un problème majeur pour honorer son école. Mélusine demande donc à sa cousine Mélisande de se transformer en elle, afin de la remplacer sans que cela ne se remarque. Mélisande accepte de bon gré, mais elle ne comprend pas trop ce qu’on attend d’elle. Elle enfile une robe rose et n’a qu’une obsession : faire des gâteaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bonne nouvelle pour ce 21ème opus : désormais seul sur la série, sans son comparse François Gilson, Clarke fait (enfin) gentiment évoluer sa petite héroïne, dont les dernières aventures avaient tendance à ronronner en se déclinant « facilement » sur des thèmes variés. En effet, bien que la légère poitrine de la jeune fille ne laissait jusqu’à présent aucun doute sur son âge post-pubère, Mélusine affronte cette fois ses propres hormones. Or sa mue d’adulte l’empêche d’exercer ses sortilèges durant quasiment tout l’album. Pour étoffer cette première bonne idée, Clarke lui impose un Tournoi de magie en deuxième bonne idée. Car cela l’oblige : d’une part à trouver des astuces pour compenser ses pouvoirs disparus, afin de remporter les épreuves ; et d’autre part, à faire des rencontres de garçons, en vue de l’idylle dont elle a besoin ! Le tournoi de magie se présente donc comme une sorte d’histoire complète, mais qui ne s’affranchit pas pour autant du système des gags de 1 (le plus souvent) à 4 planches. Inventif, Clarke n’oublie pas qu’il s’adresse toujours à un très large public (les premiers jeunes lecteurs doivent désormais être parents) et parvient donc à conserver une tonalité bon-enfant. Pour cela, le dessin garde quant à lui la stricte veine humoristique, d’une grande maîtrise dans le registre. Savoir faire évoluer sans trahir n’est pas chose aisée, en BD. Clarke prouve ici une autre facette de son talent.